Comment fonctionne le système éducatif chinois ?

Comment fonctionne le système éducatif chinois ?

La puissance chinoise met en avant ses succès en matière d’éducation. Le classement PISA 2018 de l’OCDE place la Chine en tête, faisant oublier que seuls Pékin, Shanghai, le Jiangsu et le Zhejiang ont participé aux tests – les résultats seraient évidemment moins brillants s’ils étaient étendus à l’ensemble du pays. Le système éducatif souffre en effet d’inégalités qui alimentent le mécontentement dans une société chinoise prête à beaucoup investir pour la réussite de générations d’enfants uniques porteurs des espoirs du clan familial. Au-delà, selon une étude récente, 50 % des enfants dans les zones rurales souffriraient de retard cognitif dû à une mauvaise alimentation1.

Depuis le milieu des années 1980, l’État prend en charge une scolarité obligatoire de neuf années, suivie par 99,7 % de la population, selon les statistiques du ministère de l’Éducation. Les élèves peuvent ensuite poursuivre des études secondaires, après l’épreuve du premier examen de niveau, le zhongkao. En 2016, 98 % des urbains et 80 % des ruraux ont eu accès à une forme d’éducation secondaire (lycée), mais il s’agit dans une très grande majorité des cas de formations professionnelles de très mauvaise qualité. 70 % de la main-d’œuvre chinoise est encore non qualifiée. Tandis que, dans les années 1970, l’accès à l’université dépendait de critères idéologiques et de la « bonne origine de classe » des candidats, désormais, un second examen, le gaokao, détermine la faculté à laquelle les étudiants peuvent prétendre. Les meilleures sont celles de Pékin, Tsinghua ou Fudan à Shanghai.

En 2019, 10,3 millions d’élèves du secondaire ont tenté le gaokao, inspiré de la tradition des examens impériaux, basé sur l’apprentissage par cœur et la réussite à des tests de mémorisation d’une quantité considérable de connaissances factuelles. L’esprit d’analyse et l’esprit critique, potentiellement dangereux pour le régime, n’entrent pas dans les critères d’évaluation.

Ce système creuse davantage les inégalités. Les populations urbaines privilégiées, celles qui participent à l’enquête PISA, ont accès aux meilleures écoles secondaires et aux écoles privées qui préparent spécifiquement aux examens. Dans les campagnes et les provinces défavorisées, des programmes moins exigeants, le manque de moyens pour financer les cours particuliers et les formations complémentaires, dont le coût s’élève à des dizaines de milliers de dollars par an, l’absence de relations permettant l’accès aux écoles les plus prestigieuses, ôtent quasiment toute chance aux élèves accédant aux études secondaires d’être bien classés au gaokao. Les étudiants d’origine rurale et les enfants de migrants représentent moins de 10 % de la population étudiante, alors que ce chiffre atteignait encore 30 % dans les années 1990.

Le cursus obligatoire de neuf années et les efforts accomplis depuis les années 1990 ont cependant eu des résultats bénéfiques sur le taux d’alphabétisation, supérieur à 95 % d’après les statistiques officielles. Ce taux est toutefois calculé à partir des déclarations des autorités locales en charge des évaluations, dont l’intérêt est de gonfler les chiffres.

Par ailleurs, le nombre de caractères exigé est limité : 1 500 dans les zones rurales et 2 000 dans les zones urbaines2. Enfin, dans les provinces les plus pauvres et chez les enfants de migrants, le phénomène de déscolarisation, qui a un effet négatif sur le taux d’alphabétisation, est mal pris en compte par les autorités.