La fin du passeport intérieur (hukou) est-elle possible ?

La fin du passeport intérieur (hukou) est-elle possible ?

La question du statut des migrants intérieurs est souvent abordée au sein de la société chinoise, et elle est liée à celle de la réforme du système de certificat de résidence (hukou). Instauré en 1958 pendant le Grand Bond en avant par Mao Zedong qui souhaitait fixer les paysans dans les campagnes et éviter un exode rural massif, le système du hukou fige la distinction entre population rurale et population urbaine et est au cœur d’une inégalité fondamentale. À l’époque maoïste, alors que le système était rigoureusement appliqué, l’engagement dans l’armée était souvent le seul moyen d’échapper à la rigidité du système.

Si, depuis les années 1980, le hukou a été assoupli pour faciliter l’emploi dans les industries de main-d’œuvre qui tirent la croissance chinoise, il n’a pas été supprimé malgré la mise en œuvre « d’expérimentations » et de débats récurrents sur son abolition. En 2013, la Commission pour la réforme et le développement du Conseil d’État recommandait le démantèlement du système, à l’exception de quelques très grandes villes attractives comme Pékin ou Shanghai. L’assouplissement n’a finalement concerné que l’accès aux « villes moyennes » de moins de trois millions d’habitants.

Tant pour des raisons de contrôle social qu’économiques, le pouvoir n’est toutefois pas prêt à renoncer au hukou qui permet de conserver l’avantage d’une main-d’œuvre bon marché, car maintenue dans un statut de semi-illégalité. De plus, les autorités urbaines locales, fortement endettées, sont hostiles à la disparition d’un système qui les obligerait à prendre en charge le coût social de nouveaux citadins à part entière.

Le pouvoir chinois est conscient des effets pervers de ce système qui freine l’émergence d’une classe moyenne urbaine et perpétue des inégalités pesant sur la légitimité du système. L’application d’une véritable réforme se heurte toutefois au poids des intérêts locaux et à la crainte de perte le contrôle des mouvements de population.