La question environnementale en Chine est-elle sans espoir ?

La question environnementale en Chine est-elle sans espoir ?

La Chine est confrontée à des défis environnementaux dont les coûts financiers et humains sont considérables. Cet enjeu pose la question de l’efficacité du système politique. Conscient de la gravité de la situation, le pouvoir chinois a réaffirmé à plusieurs reprises son soutien à l’accord de Paris (COP 21).

Le treizième plan quinquennal 2016-2020, dans le prolongement de la COP 21, que la Chine a ratifié en septembre 2016, prévoyait une série de mesures pour accélérer le passage à une économie plus « verte », où la part des industries les plus polluantes devrait se réduire au profit de celle des services. Alors que, depuis 2006, la RPC est devenue la première émettrice de gaz à effet de serre, le président Xi Jinping a fixé au mois de septembre 2020 l’objectif de neutralité carbone à 2060 et celui du pic des émissions de dioxyde de carbone à 2030.

Les objectifs de réorientation de l’économie et de la société vers un modèle de croissance plus durable et moins consommateur d’énergie devraient améliorer la situation environnementale. Le ralentissement économique significatif que la Chine connaît depuis 2013 a également entraîné une réduction notable de la consommation de charbon qui demeure toutefois très dominant, y compris pour le chauffage des ménages pauvres dans les zones très froides du nord et de l’ouest. Au 4e trimestre 2020, en dépit de la crise du Covid-19, les émissions de gaz à effet de serre ont connu un rebond.

Outre les enjeux de santé publique, l’attention du pouvoir pour les questions environnementales découle aussi de leur fort potentiel déstabilisateur. L’environnement, dans les villes comme dans les zones rurales, est devenu l’une des principales causes des tensions sociales et des manifestations. La gravité de ces problèmes provoque la perte de confiance des classes moyennes en la capacité du régime à relever les défis les plus importants auxquels fait face la puissance chinoise.

Avec l’Inde, la Chine est le pays qui concentre le plus grand nombre de villes les plus polluées au monde, en dépit des progrès qui ont réduit le taux d’émission des particules fines de 40 % depuis 2014. À Pékin, le nombre de jours « bleus1 » a atteint 76 % en 2019, mais dans les campagnes, les rivières – à plus de 80 % – et les sols sont gravement pollués en raison de l’utilisation massive de pesticides.

En dépit de lois environnementales plus strictes, de la création en 2018 d’un nouveau ministère de l’Écologie et de l’Environnement, des velléités d’adoption d’un PNB (Produit national brut) vert qui permettrait de prendre en compte les critères environnementaux dans le calcul de la croissance, et de l’introduction de critères liés à une bonne gestion environnementale dans l’évaluation des cadres locaux, les résultats sont très limités. La Chine fait face à une contradiction difficile à résoudre entre le renforcement des contrôles environnementaux et la nécessité de préserver la croissance économique.

La corruption et l’absence de système légal aggravent les défis environnementaux en Chine. La multiplication des catastrophes industrielles – des dizaines chaque année – le démontre.

L’épidémie de Covid-19 elle-même résulte de pratiques nuisibles à l’environnement telles que la consommation mal contrôlée d’espèces sauvages.

Enfin, en dépit des engagements non contraignants, la posture des autorités chinoises sur l’environnement et le réchauffement climatique est essentiellement motivée par un intérêt stratégique et la volonté de nourrir un dialogue fondé sur le concept « d’intérêts communs » par-delà les différences de régime.