La société chinoise est-elle stable ?

La société chinoise est-elle stable ?

Face aux tensions qui traversent la société chinoise, les manifestations de mécontentement et de violence se sont multipliées. Le nombre d’« incidents de masse » avoisinait les 200 000 par an au début des années 2010, avant que la publication des statistiques ne soit arrêtée. Ces manifestations reflètent, comme la pratique ancestrale mais très encadrée des pétitions aux autorités, un sentiment d’injustice et une insatisfaction quasi générale.

On retrouve, en tête des motivations, les conditions de travail, les questions environnementales, les confiscations de terre ou les expropriations arbitraires dans les zones urbaines. Près de la moitié de ces mouvements de contestation est dirigée contre des décisions officielles abusives et les autorités locales.

Les actes de terrorisme qui se sont multipliés au début des années 2010 sont essentiellement liés à la question musulmane au Xinjiang. Mais la destruction d’édifices publics, le lynchage d’officiels ou le recours aux explosifs représentent aussi une forme exacerbée de protestation et d’impuissance face aux injustices dans le pays dans son ensemble. Dans les zones de culture tibétaine, ce sont les immolations qui ont augmenté, impliquant des dizaines de religieux depuis 2009.

Quant au taux de suicide, il était officiellement de 8 pour 100 000 habitants en 2019. Si les femmes sont les premières victimes, particulièrement dans les campagnes, c’est aussi la première cause de mortalité chez les jeunes de 15 à 34 ans, enfants uniques porteurs des espoirs de leur famille, soumis à la pression des examens et aux difficultés de l’accès au marché du travail. Le suicide atteint aussi, dans des proportions significatives, les cadres accusés de corruption qui trouvent là un ultime moyen de préserver leur famille et de poser un acte de vengeance contre leurs accusateurs.