Les ONG en Chine sont-elles toujours un contre-pouvoir ?

Les ONG en Chine sont-elles toujours un contre-pouvoir ?

Les ONG (organisations non gouvernementales) qui se sont multipliées en Chine dans les années 2000 ont pu participer comme les réseaux sociaux à la structuration d’une société civile plus autonome. Selon le ministère des Affaires civiles, elles seraient plus d’un demi-million, si l’on inclut les « organisations sociales » enregistrées officiellement. Celles-ci s’occupent des principaux points de tension de la société chinoise contemporaine : la santé, l’éducation des enfants de migrants, la protection de l’environnement, le statut des femmes ou le droit du travail, en l’absence de syndicat indépendant.

Si les ONG ont longtemps pu se développer dans une zone grise de droit mal défini, on constate, comme dans le cas d’Internet, une volonté de reprise en main avec l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping en 2012. Étrangères ou chinoises, elles sont soupçonnées d’être l’instrument d’une entreprise de subversion menée par les États-Unis, et plus généralement le monde occidental, dans le but d’aboutir à une transformation politique, par la diffusion de valeurs non compatibles avec la nature et le fonctionnement du régime chinois.

Marqué par l’expérience des « révolutions de couleur1 » au début des années 2000, puis par les « Printemps arabes », le pouvoir chinois, après avoir autorisé une certaine libéralisation, craint le développement d’un processus de « contamination idéologique » qui deviendrait incontrôlable.

Une offensive a donc été lancée contre l’ensemble des ONG, surtout contre les ONG étrangères. Deux lois adoptées en 2016 rappellent l’interdiction de mener des actions politiques ou religieuses, d’agir « contre les intérêts de la Chine » pris dans un sens très large ou de mettre en danger « l’unité ethnique » du pays. Les contrôles financiers ont été renforcés et les ONG étrangères, obligatoirement sponsorisées par un partenaire chinois, sont tenues de déclarer leurs activités aux organes de sécurité pour obtenir l’autorisation de poursuivre leur action. Dans une démonstration de force du pouvoir chinois en guise d’avertissement, au mois de janvier 2016, un responsable d’ONG de nationalité suédoise avait été arrêté, mis au secret, puis soumis à une confession télévisée avant d’être expulsé. Le choix du repli et d’un contrôle idéologique renforcé témoignent à la fois de la puissance du régime mais aussi du sentiment d’incertitude idéologique qui le caractérise.