Que signifie le retour des religions traditionnelles en Chine aujourd’hui ?

Que signifie le retour des religions traditionnelles en Chine aujourd’hui ?

Face à ce qui est dénoncé comme un vide éthique, le pouvoir chinois tente de reconstruire une cohésion par le retour aux valeurs traditionnelles, dans une sorte de « nationalisme culturel » où les valeurs fondamentales de la Chine, notamment celles véhiculées par le confucianisme d’État, sont appelées à faire rempart aux valeurs occidentales « importées ».

Dans le même temps, les autorités s’opposent aux menaces qui pèsent sur son monopole idéologique. Si la pratique religieuse est en théorie garantie par la Constitution depuis 1978, elle doit s’effectuer dans le cadre des organisations religieuses officielles, placées sous l’autorité de l’administration d’État pour les affaires religieuses, qui ordonne et contrôle les pratiques, jusqu’aux questions de réincarnation dans le bouddhisme tibétain, comme le spécifie une directive de 2009.

Pourtant, face aux désillusions idéologiques, on assiste à un vrai retour du religieux en Chine. Les trois principaux « enseignements1 », le confucianisme, le taoïsme et le bouddhisme sont, au moins pour les deux premiers, autant des philosophies que des religions. Le confucianisme dérive des enseignements de Confucius, qui aurait vécu autour du Ve siècle avant notre ère. Initialement conçu comme un humanisme prônant le mérite de l’homme cultivé sur la naissance, le confucianisme, doctrine d’État sous la dynastie des Han, est devenu le fondement du système bureaucratique et de l’organisation de l’Empire, avec la mise en place de concours impériaux.

Le taoïsme2, qui s’est développé à partir des enseignements du philosophe Lao Zi3, prône une harmonie avec la nature qui a influencé la science et la médecine chinoise mais aussi le bouddhisme chan4 (zen en japonais). Dans sa forme ritualisée, il est lié aux croyances multiples qui forment le fond de la religion populaire. Réprimées pendant la Révolution culturelle, les pratiques taoïstes connaissent une renaissance tolérée par l’État, qui se traduit par la construction de nouveaux temples.

Introduit en Chine au Ier siècle de notre ère, le bouddhisme connaît son apogée au VIIIe siècle, sous la dynastie des Tang, avant de voir sa pratique refluer en Chine. Il ne compterait plus que 10 à 16 % de fidèles en dehors du monde tibétain, qui pratique une forme différente de bouddhisme lamaïste qui a exercé son influence jusqu’en Asie centrale, en Mongolie et à la cour mandchoue des Qing. À l’instar des autres religions traditionnelles, le bouddhisme connaît une recrudescence sous le contrôle de l’Association bouddhiste de Chine.

La Chine possède également une tradition sectaire, avec une dimension millénariste, qui a accompagné de nombreux mouvements de rébellions antidynastiques. Manifestation contemporaine de ce phénomène, la secte Falungong a eu une large audience en Chine dans les années 1990, jusque dans les rangs du Parti communiste. Les milliers de fidèles rassemblés place Tiananmen en avril 1999 ont été la preuve de son influence ; elle fait toujours l’objet d’une répression sévère.