Quel rôle pour les réseaux sociaux en Chine ?

Quel rôle pour les réseaux sociaux en Chine ?

Avec plus de 700 millions d’utilisateurs et un taux de pénétration évalué à 52 % de la population, avec des pics supérieurs à 70 % dans les grandes métropoles, la Chine connaît un développement massif d’Internet1. Les réseaux sociaux, qui ont constitué un espace de liberté accru, se sont développés massivement.

Ces nouveaux moyens de communication servent de support à de multiples échanges et favorisent la consommation, grâce à des plates-formes comme Alibaba, premier site de vente en ligne avec plus de 700 millions d’usagers en 2020. Les achats sur Internet représentent près de 2 000 milliards de dollars, et sont en croissance rapide2, encore accélérée en 2020 par la crise du Covid-19. Cette progression touche les zones les plus éloignées des centres urbains, alors que 85 % des ruraux ont désormais accès à Internet, essentiellement grâce au support des téléphones portables.

Les réseaux sociaux, en dénonçant les dysfonctionnements du système, la corruption et les abus de pouvoir, ont servi de soupape de liberté à la population. Si Google, Twitter ou Facebook sont inaccessibles en Chine, comme le sont les sites de nombreux journaux étrangers, une offre concurrente, destinée au marché chinois, et plus facile à contrôler par les autorités, s’est développée. Depuis l’arrivée de Xi Jinping au pouvoir, le contrôle d’Internet s’est considérablement renforcé, et ce avec la complicité des plateformes locales. Les blogueurs vedettes « citoyens-journalistes » font l’objet d’une répression sévère. En 2020, le docteur Li Wenliang et plusieurs de ses collègues lanceurs d’alerte dès les premiers jours de la pandémie de Covid-19 en ont été victimes3. De même, la blogueuse citoyenne Zhang Zhan a été condamnée à quatre ans de prison au mois de décembre 2020.

Ainsi, alors qu’Internet pouvait apparaître comme un espace de liberté échappant par nature à la censure, le pouvoir chinois a démontré qu’un contrôle renforcé était possible grâce à des systèmes de pare-feu idéologiques à l’interdiction quasi totale des VPN et à la mobilisation d’une armée de « censeurs à 5 yuans », tout en préservant le minimum nécessaire au fonctionnement d’une économie ouverte4. La volonté affirmée de lutter contre les monopoles des grandes sociétés du net comme Alibaba, Tencent, Baidu ou Xiaomi (téléphones) s’inscrit aussi dans cette reprise de contrôle du pouvoir chinois sur tous les vecteurs d’expression autonomes de la société.