À quoi sert le G20 et le multilatéralisme pour la Chine ?
Dans un discours prononcé au mois de janvier 2021 au World Economic Forum virtuel de Davos, le président Xi Jinping réclamait un « renforcement » de la gouvernance du G20 fondé sur « les règles et le consensus ». Le G20 demeure pour Pékin une caisse de résonance à son discours officiel, opposé à celui des États-Unis.
Créé en 1999 au lendemain de la crise financière asiatique de 1998 pour réunir les ministres des Finances de dix-neuf pays plus l’Union européenne, le G20 a pris de l’importance après la crise financière de 2008. Les sommets annuels ont désormais lieu au niveau des chefs d’État et la Chine y joue un rôle central. Pour Pékin, sa position au sein du G20 constitue un adoubement, tout comme la reconnaissance du yuan comme monnaie de réserve au FMI ou son entrée à l’OMC en 2001. Le G20 lui permet de mettre en avant les succès de son modèle de développement et d’affirmer son statut de puissance majeure, jouant un rôle de pivot entre les pays du Sud et les économies développées du Nord. Pour Pékin, la participation au G20 s’inscrit aussi dans une rivalité de puissance avec le Japon, qui, lui, occupe une place plus importante au sein du G71.
La crise du Covid-19 est apparue à la Chine comme une opportunité avec, selon le discours officiel, « des changements jamais vus en un siècle », pour réaffirmer sa place centrale au sein de l’institution.
Le G20 est également le moyen pour la Chine d’affirmer sa vision du « multilatéralisme » fondée sur la non-ingérence et la défense de ses seuls intérêts face au « camp démocratique » et aux États-Unis.
La Chine a ainsi renforcé son influence au sein de toutes les organisations internationales : de l’OMC, dont le régime a longtemps tiré parti, à l’OMS, que le régime chinois tente de contrôler. Cette conception étroite et délétère du multilatéralisme n’a pas empêché le président Xi Jinping de constamment réaffirmer son « attachement au multilatéralisme » pour mieux se démarquer des États-Unis de Donald Trump. L’élection à la présidence de Joe Biden en 2020 devrait considérablement affaiblir cette posture du pouvoir chinois.