D’où proviennent les investissements directs étrangers en Chine ?

D’où proviennent les investissements directs étrangers en Chine ?

Dès les années 1980, la mise en place des zones économiques spéciales favorise la croissance tirée par les investissements directs étrangers (IDE). Ces investissements représentaient un peu plus de 1 % du PIB en 20191. La Chine a longtemps eu une politique favorable aux investissements étrangers, poumon du miracle économique chinois, mais Pékin souhaite dorénavant orienter ces investissements vers des secteurs à plus forte valeur ajoutée. Toutefois, la majorité des IDE en Chine est toujours concentrée dans la production de biens de consommation et l’immobilier, qui représentent 63 % du total.

La Chine a longtemps été le premier pays récepteur d’IDE, loin devant d’autres grands émergents tels que l’Inde. Mais ces investissements « étrangers » sont en réalité massivement « chinois », en provenance de Hong Kong, de Singapour ou de paradis fiscaux (îles Caïmans et îles Vierges) qui masquent le réinvestissement en Chine de capitaux sortis illégalement du territoire pour bénéficier d’avantages fiscaux. La somme de ces investissements provenant du monde chinois représentait en 2018 77 % du total des IDE en Chine, dont 66 % en provenance de Hong Kong. Les investissements purement « étrangers » sont minoritaires, et d’abord asiatiques avec la Corée du Sud (3,4 %) et le Japon (2,8 %). Les États-Unis ne représentent que 2 % de ces investissements étrangers en Chine. Les investissements en provenance de l’Union européenne demeurent dominés par l’Allemagne et la Grande-Bretagne, qui représentent chacune 2 % des IDE en Chine. De son côté, Taïwan poursuit ses efforts de découplage avec la Chine. En 2019, les investissements taïwanais en Chine se sont effondrés de 51 % pour atteindre 4,17 milliards de dollars.

L’attractivité pour les investisseurs étrangers, reposant sur les perspectives d’un marché en apparence immense, le développement des infrastructures, une main-d’œuvre productive au coût modéré et d’importantes mesures incitatives, tend à se réduire. Le marché demeure peu ouvert et le rapatriement des bénéfices produits en Chine est difficile. Le climat des affaires se dégrade comme le souligne le rapport annuel de la Chambre de commerce américaine en Chine.

Les problèmes liés à la fragilité du système légal, à la corruption, au manque de transparence et au non-respect du droit de la propriété intellectuelle sont régulièrement mentionnés, de même que l’augmentation des salaires, pour expliquer la perte d’attractivité de la Chine qui a reculé en 2016 à la deuxième place, derrière les États-Unis. En 2020, en raison de la crise du Covid-19 qui a durement frappé les États-Unis, la Chine a retrouvé la première place. Inquiet de la fuite des capitaux, les autorités chinoises ont tenté de limiter les investissements chinois à l’étranger. Pékin a également adopté des mesures visant à contrôler des investissements étrangers dans des secteurs « stratégiques ».

Pourtant, alors que l’économie ralentit et que la Chine a encore besoin de s’appuyer sur les transferts de technologie pour accroître son économie, les investissements étrangers restent nécessaires à sa croissance. Ils contribuent aussi à la sauvegarde de l’image de compétitivité que la Chine a pu imposer depuis plus de trente ans, et qui est inhérente à son discours de puissance.