La Chine est-elle devenue une puissance financière internationale ?

La Chine est-elle devenue une puissance financière internationale ?

Avec 3 000 milliards de dollars de réserves de change en 2019, l’économie chinoise, qui en 2020 représente 17 % de l’économie mondiale, apparaît comme une superpuissance financière. Ses capacités d’investissements à l’étranger semblent illimitées et constituent un élément majeur de la stratégie d’affirmation de puissance de Pékin sur la scène internationale au travers notamment des « routes de la soie ».

Symbole de cette reconnaissance de la puissance chinoise, en 2016, le yuan, la « monnaie du peuple1 » selon son nom officiel, a été intégré au panier de monnaies de réserves du Fonds monétaire international (FMI). D’après le directeur de la Banque de Chine, cette décision « confirme le succès de la stratégie de développement de la Chine » et s’inscrit dans le processus de « démocratisation du système international », dont la République populaire de Chine se veut la championne.

Grâce à ses réserves considérables, Pékin a mis en place des instruments d’investissements qui renforcent son attractivité et sa capacité d’influence sur la scène internationale. C’est le cas des grands fonds d’investissement chinois comme la China Investment Corporation (CIC) créée en 2007 avec un capital de 200 milliards de dollars ou de l’AIIB (Asia Infrastructure Investment Bank) et des nombreux fonds créés en bilatéral avec les partenaires de Pékin tels la Russie ou les pays de l’ASEAN. Ces instruments permettent en outre à la Chine d’imposer ses normes en matière de crédit ; lesquelles sont moins contraignantes que celles des banques africaines ou asiatiques de développement ou de la Banque mondiale. Ce faisant, la Chine plonge les pays « aidés » dans le piège de la dette et voit ses capacités de recouvrement réduites.

Mais le poids réel de la Chine en tant que puissance financière internationale est restreint. L’internationalisation du yuan se réduit plutôt. Après un pic modeste en 2015, quand la monnaie chinoise représentait 2,8 % du total des paiements, sa part est retombée à 1,8 % en 2020 et pour le moment elle demeure concentrée sur les transactions avec Hong Kong. De plus, le pouvoir chinois ne semble pas près d’abandonner le contrôle des changes, outil essentiel à ses yeux du maintien de la stabilité. Des accords de change (swap) ont été conclus avec une vingtaine de pays, dont la Turquie, des pays africains, et la Grande-Bretagne en Europe qui – avant le Brexit – ambitionnait de jouer un rôle dans l’internationalisation du yuan. Mais le cours du yuan fixé par la Banque de Chine ne peut fluctuer que dans une échelle de change limitée.

Par ailleurs, la circulation des capitaux est encadrée et a été encore renforcée depuis 2015 entraînant une baisse des investissements chinois à l’étranger après 2017. Tous ces éléments interdisent au yuan de devenir une véritable monnaie de réserve internationale, en dépit d’annonces régulières dont l’objectif répond à une volonté de positionnement stratégique plus qu’à des facteurs économiques. En obtenant la reconnaissance officielle du FMI, la Chine cherchait avant tout à confirmer son statut de grande puissance incontournable.