La Chine est-elle toujours au cœur du processus de régionalisation économique en Asie ?

La Chine est-elle toujours au cœur du processus de régionalisation économique en Asie ?

Depuis les années 1990, la Chine est devenue la plaque tournante de la croissance économique en Asie et d’un processus de régionalisation fondé sur le développement des échanges commerciaux. Dès son ouverture, la Chine a bénéficié à plein de la délocalisation des entreprises traditionnellement productrices de biens de consommation en Asie, essentiellement à Taïwan et à Hong Kong, et des investissements étrangers eux aussi très majoritairement asiatiques en provenance de Taïwan, de Hong Kong, du Japon et de Corée du Sud.

Atelier du monde, la Chine est surtout celui de l’Asie, alors que la fabrication des produits de consommation est éclatée, selon les opportunités et le niveau de développement, entre plusieurs pays fournisseurs d’éléments ou assembleurs. En raison de cette évolution, elle est devenue le premier partenaire commercial de la quasi-totalité de ses partenaires asiatiques. Reflet de cette interdépendance, en 2019, le commerce intrarégional représentait 60 % des échanges de la zone Asie1.

Depuis 2015, ce modèle de régionalisation autour de la puissance chinoise a connu des évolutions. L’augmentation des salaires entraîne une amorce de délocalisation de la production vers d’autres pays de la région, Particulièrement en Asie du Sud-Est, où les salaires sont plus compétitifs, même si la Chine conserve un avantage en matière d’infrastructures. Ces délocalisations sont aussi le fait d’entreprises chinoises qui se tournent vers le Vietnam, la Malaisie, l’Indonésie, le Cambodge ou la Thaïlande, en s’appuyant sur les importantes communautés de Chinois d’outre-mer qui dominent traditionnellement l’économie de la région.

Pékin joue de cette interdépendance économique pour amorcer un processus de régionalisation plus large dont la Chine serait le centre. En 2020, la signature du RCEP (Regional Comprehensive Economic Partnership) incluant la Chine, le Japon, la Corée du Sud, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et les dix pays de l’ASEAN, a permis à la Chine de mettre en avant sa centralité.

Mais si l’ensemble de l’Asie a profité de cette division régionale du travail organisée autour de la puissance chinoise, la stratégie plus agressive de la RPC dans son environnement proche a eu un impact négatif sur ce processus de régionalisation et renforcé la volonté d’équilibrage des voisins de Pékin.