Pourquoi les Chinois consomment-ils si peu ?

Pourquoi les Chinois consomment-ils si peu ?

La Chine est en passe d’atteindre un niveau de vie moyen de pays « modérément riche », objectif des autorités chinoises pour 2021, 100e anniversaire du Parti communiste chinois. Le revenu moyen annuel est passé de 400 dollars en 1990 à 1 000 dollars en 2020. Et si 600 millions de Chinois vivent encore avec moins de 150 dollars par mois, la pauvreté extrême, fixée à 4 000 yuans (500 dollars par an), aurait été éradiquée dans l’ensemble du pays. Dans les provinces les plus développées et dans les grandes villes, le salaire minimum a significativement augmenté depuis 2014, il atteint 320 dollars par mois à Shenzhen ou à Shanghai. L’image de la richesse chinoise s’impose aussi sur la scène internationale avec l’afflux de touristes qui dépensaient annuellement plus de 200 milliards de dollars à l’étranger avant la rupture due à la pandémie de Covid-19 en 2020.

Pourtant, ce progrès général, qui suscite l’admiration, masque des inégalités de revenus importantes qui expliquent la faiblesse persistante de la consommation des ménages en Chine. Si le revenu annuel moyen est supérieur à 11 000 dollars par an, en 2019 il n’est que de 2 200 dollars par an pour la population rurale, soit plus de la moitié des travailleurs. Le revenu annuel moyen (plus proche de 7 000 dollars) des travailleurs migrants, qui représentent 36 % des travailleurs, est également en dessous de la moyenne nationale.

Le revenu des consommateurs chinois, y compris celui des classes moyennes, est en effet grevé par un taux d’épargne élevé représentant plus de 35 % du PIB. Il s’agit d’une épargne de précaution. Les dépenses sociales du gouvernement central sont inférieures à ce qu’elles étaient en 2015. En l’absence de système social universel performant, le coût des accidents de la vie, santé ou chômage et la nécessité d’assumer sa retraite, la politique de l’enfant unique ayant réduit les capacités d’entraide familiale, doit être prévu, de même que celui de l’éducation des enfants, de l’achat d’un appartement et de la constitution d’un pécule suffisant pour se marier. La volonté de rééquilibrage de l’économie chinoise a été à nouveau affirmée comme une priorité en 2020, mais l’étendue des réformes nécessaires limite les perspectives d’évolution de la répartition des richesses des grandes sociétés liées au Parti communiste vers les consommateurs.