Que représentent les grandes entreprises d’État en Chine ?

Que représentent les grandes entreprises d’État en Chine ?

Paradoxalement, en dépit de discours récurrents sur la nécessité de limiter leur pouvoir, les grandes entreprises d’État se renforcent. Les 22 sur 25 entreprises chinoises identifiées parmi les 500 plus importantes dans le monde par le magazine Fortune en 2020 étaient des entreprises d’État ou collectives, et trois entreprises d’État figurent parmi les dix premières du classement global1. Selon un autre index, 60 % des entreprises peuvent être considérées comme des entreprises d’État dont 25 % dans les secteurs bancaires et financiers2.

En 2013, à l’occasion du troisième plénum du 18Comité central, Xi Jinping a mentionné la nécessité d’approfondir les réformes et de renforcer la part du marché dans la distribution des ressources, mais c’est le rôle dominant du secteur d’État et de la propriété publique qu’il a mis en avant. En 2015, le président rappelait que la Chine avait besoin d’entreprises d’État « plus puissantes, meilleures, plus importantes ». Le renforcement du rôle du Parti communiste dans ces entreprises est défendu, l’objectif demeurant de préserver la mainmise du Parti sur l’économie et la société, et d’éviter l’émergence d’intérêts privés disposant des moyens de constituer des contre-pouvoirs.

Le contrôle de l’État et du Parti s’effectue au moyen de la SASAC (State-Owned Assetts Supervision and Administration Commission), qui nomme les dirigeants – pour les plus grandes entreprises, ils ont rang de ministre – et décide des stratégies de développement et des investissements en Chine et à l’étranger. 102 de ces entreprises les plus importantes sont directement contrôlées au niveau central, et des dizaines de milliers d’autres par les bureaux locaux de la SASAC. En dépit de tentatives de réformes, les secteurs concernés sont divers, des transports à la finance en passant par les industries de défense, l’énergie, la construction, l’immobilier, la chimie, les hautes technologies, la métallurgie ou l’agroalimentaire.

Ces entreprises sont au cœur de la stratégie de développement de la RPC définie par le Parti et les autorités centrales, mais aussi au cœur des stratégies de stabilisation sociale, notamment au niveau local. Si la rentabilité des entreprises d’État doit être relativisée, elles jouent en effet un rôle essentiel dans le marché de l’emploi. Elles bénéficient de liens organiques avec le Parti communiste, qui contrôle les décisions et l’attribution des crédits. En dépit de tentatives de réformes, les entreprises d’État reçoivent plus de 70 % de la totalité des crédits attribués aux entreprises chinoises. Ainsi, en raison du soutien de l’État central, les SOE chinoises bénéficieraient d’un transfert de 3 % du PIB de la Chine.