Que signifie le rééquilibrage de l’économie chinoise ?

Que signifie le rééquilibrage de l’économie chinoise ?

Le rééquilibrage de la croissance de la Chine était un objectif majeur du douzième plan quinquennal 2011-2015, poursuivi dans le treizième plan 2016-2020, avec des résultats mitigés. En 2020, annonçant le 14e plan quinquennal, Xi Jinping a mis en avant une stratégie de « double circulation » qui recouvre les mêmes ambitions et la volonté d’affranchissement d’une très grande dépendance aux exportations et d’une montée en gamme. Il s’agit aussi pour Pékin de tenter de répondre aux sanctions américaines et à la volonté de découplage exprimée en Europe et aux États-Unis face au virus du Covid-19. Longtemps stimulée par les exportations, la croissance chinoise a vu, depuis la crise financière de 2008, ses grands marchés traditionnels en Europe et aux États-Unis se rétracter d’une manière préoccupante. Ce d’autant plus que la montée du protectionnisme, contre lequel le président chinois s’est élevé au Forum de Davos au mois de janvier 2017, est devenue un fait majeur aux États-Unis, sous Donald Trump, et dans de nombreux pays européens. Alors que les exportations représentaient 32 % du PIB chinois en 2008, ce chiffre n’était plus que de 17,4 % en 2019. Toutefois, en 2020, ce sont à nouveau les exportations de matériel médical (+ 45 % en 2020) et de produits électroniques (+ 25 %) qui ont tiré la reprise de la croissance chinoise1.

La part de la consommation des ménages chinois, soit 37 % du PIB, chiffre bas pour une économie émergente2 s’est modestement développée pour se rétracter à nouveau en 2020 en raison de l’épidémie de Covid-19. Une modification de cette tendance impliquerait des mesures radicales en matière de redistribution des revenus, qui favorise aujourd’hui les grandes entreprises d’État et les élites liées au Parti communiste, une modification du droit de propriété de la terre et la fin du système de passeport intérieur qui limite les droits sociaux – et les revenus – des migrants de l’intérieur.

Pour préserver un taux de croissance suffisant, les autorités chinoises, en dépit de multiples déclarations allant à l’opposé, continuent d’avoir massivement recours au crédit et aux investissements, qui représentent aujourd’hui 43 % du PIB. Le treizième plan quinquennal a poursuivi cette tendance et des investissements massifs ont soutenu la relance à la fin de l’année 2020. Le plan China Standards 2035 prévoit de son côté de doubler les lignes de TGV de 35 000 à 70 000 km en 2035.

Si cette stratégie a permis à la Chine de développer un réseau important d’infrastructures, notamment dans les transports, elle entraîne des effets pervers qui se font sentir en termes d’endettement.

Pour les réduire, le gouvernement a annoncé en 2016 la restructuration des secteurs les plus touchés liés à la construction comme la métallurgie, l’industrie du verre et le ciment, mais aussi l’aluminium, les raffineries et la construction navale. Les risques sociaux sont toutefois considérables, alors que l’ensemble de ces secteurs représentait près de 6 % de la totalité des emplois en Chine et les résultats ont été limités. En 2020, les investissements de l’État ont augmenté de 3,2 % alors que ceux des entreprises privées diminuaient de 3,8 %.

Le rééquilibrage de la croissance concerne aussi la recherche d’une économie chinoise plus propre et moins consommatrice de ressources naturelles.