Après la crise du Covid-19, peut-on considérer la Chine comme un acteur responsable sur la scène internationale ?

Après la crise du Covid-19, peut-on considérer la Chine comme un acteur responsable sur la scène internationale ?

La Chine veut être reconnue comme une grande puissance géopolitique et son statut de membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, que Pékin a hérité de la République de Chine (Taïwan) en 1971, y contribue. En 2006, le secrétaire d’État américain Robert Zoellick faisait sensation en définissant la puissance chinoise comme un « partenaire responsable » (responsible stakeholder) sur la scène internationale, résultat d’une stratégie « d’engagement » de la Chine fondée sur les valeurs communes de paix et de développement. Avec l’arrivée au pouvoir de Donald Trump, Pékin a mis en avant son sens des responsabilités face à une présidence américaine plus erratique. Désormais, le président Xi Jinping parle de la nécessité d’œuvrer à la « destinée commune » de l’humanité.

Mais, au-delà du discours, la réalité de l’engagement de la puissance chinoise sur la scène internationale est beaucoup plus complexe. La Chine accepte le système international, elle a signé de nombreux traités internationaux et a su tirer pleinement parti de son adhésion à l’OMC en 2001, mais le positionnement a dorénavant changé. Les dirigeants chinois considèrent que, depuis la fin des années 2000, une nouvelle ère d’opportunités s’est ouverte, et la Chine doit en profiter pour imposer ses règles. Au nom de la « démocratisation du système international », il s’agit de reformater à son avantage un monde hérité d’un temps où seules les puissances occidentales dominaient les instances internationales.

La grille d’analyse du pouvoir chinois, en matière d’engagement, demeure donc quasi exclusivement celle de ses intérêts ou, plus précisément, des intérêts du Parti communiste. C’est sous ce prisme que l’on doit apprécier le rôle que la Chine joue sur la scène internationale. Le climat, qui constitue aussi un défi pour Pékin, est un champ d’action positif. En revanche, la Chine s’oppose à toute ingérence dans ses affaires intérieures. Elle ratifie l’UNCLOS (Convention des Nations unies sur le droit de la mer), mais elle récuse son autorité dans le conflit qui l’oppose à ses voisins en mer de Chine du Sud.

Son rôle dans la gestion des grandes crises mondiales demeure au mieux limité, au pire négatif, et toujours dépendant d’un calcul qui place la survie du régime au premier plan. En 2020, la crise dramatique du Covid-19 est venue mettre ces contradictions en évidence. Après plusieurs semaines de silence, la Chine a tout fait pour orienter un positionnement de l’OMS en sa faveur au mépris de ses responsabilités internationales et d’un coût humain et économique considérable. Son premier objectif demeure de nier toute responsabilité et de tenter d’exploiter au service du régime sa capacité de contrôle de l’épidémie.