La pandémie mondiale de Covid-19 témoigne-t-elle d’un « mal chinois » ?

La pandémie mondiale de Covid-19 témoigne-t-elle d’un « mal chinois » ?

Les premiers cas connus de Covid-19 sont apparus en Chine, à Wuhan, autour d’un marché aux animaux vivants, au mois de décembre 2019. Dès la fin de ce même mois, des médecins lançaient l’alerte sur les réseaux sociaux au sujet d’une nouvelle pneumonie de type SARS hautement contagieuse. En dépit de ces avertissements, la première réaction des autorités locales, mais aussi des autorités centrales, a été de minimiser la portée de cette nouvelle épidémie et son degré de contagiosité. Les lanceurs d’alertes ont été convoqués par la police pour diffusion de rumeurs susceptibles de troubler l’ordre public.

Le marché aux animaux vivants a été fermé et désinfecté mais, dans le même temps, les autorités de Wuhan laissaient s’organiser un banquet géant de plusieurs milliers de personnes. Sans feu vert des autorités centrales, la diffusion de l’information était interdite. Ça n’est que le 25 janvier qu’un confinement strict de la ville de Wuhan sera décrété.

Le 12 janvier 2020, le laboratoire de Shanghai qui avait le premier partagé le séquençage du génome de la Covid-19 sera fermé pour « rectification », coupable d’avoir diffusé une information essentielle sans autorisation du pouvoir central.

Le 22 janvier, une première mission limitée de l’OMS a conclu, sur information des équipes chinoises, à une probable transmission humaine nécessitant toutefois de nouvelles études. Le 23 janvier, un comité d’urgence de l’OMS, à la demande de la Chine, a refusé de classer la pandémie comme une urgence de santé publique internationale. En visite en Chine le 28 janvier, le docteur Tedros, directeur de l’OMS, dont la nomination avait été appuyée par Pékin, a vanté la qualité de la réponse chinoise face à l’épidémie.

Le 31 janvier, alors que plusieurs millions de personnes avaient quitté Wuhan avant le couvre-feu, l’OMS se prononçait contre la fermeture des frontières avec la Chine. L’état de pandémie mondiale ne sera déclaré que le 10 février 2020.

La chronologie des événements met en évidence des dysfonctionnements directement liés à la nature du système politique et géopolitique chinois, responsable de la flambée incontrôlée de la pandémie à l’échelle mondiale. Dans un système non transparent, sans véritable système légal et corrompu, le contrôle des règles d’hygiène dans les marchés, les élevages ou les laboratoires de recherche est imparfait, ouvrant la voie à des contaminations croisées, comme pour le SARS en 2003 ou la Covid-19 en 2019.

Comme c’est la règle en République populaire de Chine, la volonté de contrôle de l’information l’a emporté sur la nécessité d’informer et de prendre en compte au plus vite cette nouvelle épidémie. L’absence de presse libre et la stratégie de répression renforcée mise en place par Xi Jinping depuis son arrivée au pouvoir n’ont pas permis de dénoncer les éléments qui ont pu favoriser l’apparition et la diffusion du virus. Plus d’un an après le début de l’épidémie, au mois de janvier 2021, la Chine n’a pas accepté que la mission de l’OMS ait un accès direct non filtré à toutes les informations nécessaires.

Dans le même temps, alors que la Chine est au cœur des échanges mondiaux liés à la globalisation, la non-fermeture des frontières, soutenue dans un premier temps par une OMS trop complaisante, a contribué à la diffusion rapide de la pandémie. Pour des raisons de fierté nationale – qui touche à l’honneur de la Chine et à la légitimité du Parti communiste –, les autorités chinoises ont rejeté tout contrôle discriminant, imposant leur position à une OMS où, comme dans beaucoup d’organisations internationales, la Chine a renforcé son influence en s’appuyant sur un réseau de pays amis. Enfin, en dépit de la gravité des enjeux, les missions de l’OMS ont été systématiquement retardées et contrôlées par les autorités, limitant les possibilités d’aboutir à une conclusion qui irait contre la thèse de l’origine extérieure du virus du Covid-19.

À tous les niveaux de diffusion d’informations vitales, en Chine même et dans le reste du monde, les autorités ont donc choisi de privilégier les intérêts de l’État-Parti et le contrôle des risques qui pourraient peser sur sa survie et celle de ses dirigeants plutôt que ceux de l’humanité. À ce titre, le virus du Covid-19, comme le SARS, témoigne d’un « mal chinois » lié à la nature du système politique, qui pourrait, à partir des mêmes causes, produire les mêmes effets.