L’APL en Chine est-elle vraiment la deuxième armée du monde ?
Avec un budget de 178,6 milliards de dollars en 2020, en augmentation de 6,6 % en dépit de la crise du Covid-19, la Chine se situe au deuxième rang dans le monde derrière les États-Unis. Le développement des capacités de l’APL est une des priorités revendiquées par Xi Jinping. Il s’agit de faire de l’APL, composée des forces terrestres, navales et aériennes, ainsi que de la force des lanceurs, en charge des capacités balistiques et nucléaires, une armée « prête au combat », au service de la stratégie de puissance de la Chine, en la dotant de moyens plus crédibles « d’interdiction » et de dissuasion.
En 2016, Xi Jinping a annoncé également la création d’une « force d’appui stratégique » en charge de la guerre cybernétique et des opérations de guerre psychologique. Cette ambition doit être servie par les réformes de l’appareil militaire annoncées en 2015 à l’occasion de la grande parade organisée pour célébrer le soixante-dixième anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale. Avec des effectifs moins nombreux (deux millions d’hommes), mais plus qualifiés, la Chine veut se doter d’une armée « moderne » à l’horizon 2035.
Mais si le président chinois affirme avec plus de force ces ambitions chinoises dans le domaine militaire, les efforts accomplis pour développer les capacités militaires de la Chine ne sont pas nouveaux. Dès le milieu des années 1980, Deng Xiaoping a décidé de réduire progressivement les effectifs pléthoriques, supérieurs à 5 millions d’hommes, hérités de la période maoïste, pour se concentrer sur l’amélioration des capacités. En 1991, la première guerre du Golfe a été un vrai choc pour les stratèges chinois, qui ont pris conscience de leur immense retard technologique.
Pour développer ses capacités, la Chine prône une intégration croissante entre industrie civile et militaire, afin de bénéficier des synergies existant entre les deux secteurs et des possibilités de coopération scientifique et technologique avec l’étranger. Xi Jinping est à la tête de la Commission centrale pour le développement de la fusion civilo-militaire établie en 2017.
Après plus de vingt-cinq ans d’efforts continus, Pékin a accompli des progrès considérables en matière de défense, notamment dans des secteurs comme la marine et les forces aériennes. Toutefois, la question de la capacité à traduire ces nouveaux moyens en capacités à combattre, alors que la Chine n’a aucune expérience de conflits depuis 1979, quand la « leçon » donnée au Vietnam s’est traduite par une semi-défaite, n’est pas résolue. Quels que soient les progrès accomplis, les forces conventionnelles de l’APL sont encore loin de pouvoir rivaliser, en cas de conflit sérieux, avec celles des États-Unis, garants de la sécurité en Asie, ou même du Japon. En revanche, la Chine dispose d’une capacité nucléaire et balistique dissuasive et pleinement intégrée à sa stratégie d’intimidation et d’interdiction. C’est là que se situe la véritable puissance militaire de la Chine, même si là encore la parité avec les États-Unis est loin d’être atteinte.