Les relations de la Chine avec le Japon peuvent-elles s’apaiser ?

Les relations de la Chine avec le Japon peuvent-elles s’apaiser ?

L’histoire, et notamment le souvenir des exactions japonaises pendant la Seconde Guerre mondiale, est au cœur des tensions exacerbées entre la Chine et le Japon, d’autant plus que le Parti communiste assoit sa légitimité sur le rappel constant du passé et du rôle qu’il a joué dans la guerre antijaponaise.

Soixante-dix ans après la fin de la guerre, plus de la moitié des feuilletons télévisés en Chine étaient consacrés à la guerre sino-japonaise1. La présence de courants révisionnistes au Japon, souvent mise en avant pour expliquer ces tensions, ne constitue pas le véritable facteur des tensions. En 2009, l’arrivée au pouvoir à Tokyo d’un gouvernement démocrate favorable à Pékin n’avait pas empêché les flambées de manifestations antijaponaises violentes en Chine.

La volonté du Japon de retrouver un statut de puissance « normale » se heurte à celle de la puissance chinoise de conserver sa suprématie diplomatico-stratégique. L’opposition absolue de la Chine à une réforme de l’ONU qui intégrerait le Japon comme membre permanent du Conseil de sécurité et remettrait de ce fait en cause son statut de « vaincu », s’explique aussi par cette volonté de contrer l’émergence du Japon sur la scène internationale. Ceci d’autant plus qu’en Asie du Sud-Est l’image du Japon est désormais très positive, jusque dans les pays qui, comme la Chine, avaient subi son occupation. Tokyo fédère autour du concept d’Indo-Pacifique libre et ouvert reposant sur le respect des règles et des valeurs communes.

Cette rivalité de puissances – et de modèles idéologiques – explique les tensions qui opposent Tokyo et Pékin, et rend illusoire tout espoir de solution pérenne en dépit d’une forte interdépendance économique. La question territoriale de l’archipel des Senkaku (îles Diaoyutai) s’est envenimée depuis 2010, la présence navale chinoise est devenue une constante dans les eaux proches de l’archipel. En 2020, en dépit de la crise du Covid-19, les forces chinoises ont été présentes 283 jours à proximité des îles Senkaku, imposant la mobilisation constante du Corps de garde-côtes japonais. Ce contentieux et la délimitation des zones économiques exclusives en mer de Chine orientale, sont dus en réalité à la volonté du régime chinois d’imposer sa supériorité en Asie.

Seul un bouleversement idéologique en Chine, qui ne ferait plus du Japon le bouc émissaire des difficultés du régime, permettrait d’apaiser durablement la situation.