Quelle est la stratégie chinoise de guerre hybride asymétrique ?

Quelle est la stratégie chinoise de guerre hybride asymétrique ?

Pour compenser un déficit persistant de capacité militaire, la Chine met en œuvre une stratégie asymétrique dont l’objectif, dans l’idéal, serait de remporter la victoire sans avoir à combattre un adversaire très supérieur, selon les principes de la stratégie chinoise classique1.

Cette stratégie de coercition et d’interdiction est orientée vers les États-Unis et leurs alliés en Asie. Elle vise à augmenter la marge de manœuvre du régime chinois pour atteindre ses objectifs de domination régionale, sans attendre de disposer des moyens qui permettraient à l’APL de s’imposer militairement face à la puissance américaine.

Cette stratégie asymétrique repose entre autres sur le concept des « trois guerres2 » qui recouvre la guerre de propagande, la guerre psychologique et la guerre juridique et la mobilisation coordonnée de moyens civils et militaires complémentaires3. Dans le cadre des tensions en mer de Chine, Pékin a utilisé ces moyens contre les Philippines, le Japon ou plus récemment l’Australie en mettant en place des embargos officieux sur les terres rares, les fruits, le charbon ou le vin. En 2013, la proclamation en mer de Chine orientale d’une zone d’identification aérienne (ADIZ) entre dans le cadre de la guerre juridique qui vise à imposer unilatéralement la définition chinoise de son espace territorial.

Face aux États-Unis, la guerre asymétrique revêt d’autres formes. Pékin a théorisé le concept de « nœuds de puissances » qui sont aussi les principaux « nœuds de faiblesse » d’un adversaire ultra-dépendant des réseaux de communication. La guerre cybernétique et la guerre spatiale reposent sur cette stratégie du faible au fort. Mais l’efficacité dissuasive et coercitive de la guerre asymétrique repose aussi sur des capacités plus tangibles, que la Chine développe avec constance depuis la fin des années 1980. La stratégie disruptive de Donald Trump est venue mettre un coup d’arrêt aux avantages que la Chine pouvait tirer de son attractivité commerciale, entraînant une prise de conscience poursuivie par l’administration Biden.