Qu’en est-il de l’influence de la Chine en Afrique ?
En moins de vingt ans, la Chine est devenue le premier partenaire commercial du continent africain avec des échanges qui ont atteint 208 milliards de dollars en 2019, en croissance moins forte toutefois que les années précédentes. Pékin est le premier investisseur en Afrique en 2019, les investissements ont dépassé 2 milliards de dollars. Enfin, la RPC est devenue le premier donneur d’aide à l’Afrique.
Sur le plan diplomatique, elle est aussi très active, capitalisant sur des contacts anciens, qui remontent aux indépendances soutenues par le régime de Mao Zedong. Des visites importantes ont lieu à un rythme soutenu et, en 2000, la Chine a créé le Forum pour la coopération entre la Chine et l’Afrique (FOCAC) qui réunit régulièrement les chefs d’État chinois et africains. Au moment où les puissances coloniales se retiraient du continent africain, Pékin a profité des opportunités offertes pour combler le vide.
Son intérêt pour l’Afrique répond à différentes motivations. Dans les années 1990, l’un des premiers objectifs était de marginaliser Taïwan, qui avait conservé des relations diplomatiques avec plusieurs pays africains. Cet objectif est atteint. Aujourd’hui, la République de Chine n’a plus de relations diplomatiques sur le continent qu’avec le Swaziland (Eswatini). Et si la Chine proclame que, contrairement à l’Occident, son aide est inconditionnelle, la première des conditions pour un État récipiendaire est de ne pas avoir de relations officielles avec Taïwan.
Depuis, les intérêts chinois se sont diversifiés. Le poids des États africains à l’ONU, qui représentent 54 voix, est réel dans les commissions dont les résolutions embarrassent Pékin, notamment la Commission des droits de l’homme. L’Afrique représente surtout un intérêt économique majeur pour la Chine. L’accès aux ressources énergétiques, minières et forestières est au centre de sa stratégie africaine. Dans ces secteurs, ainsi que dans celui du développement des infrastructures de transport qui sont liés, se concentre la majorité des investissements chinois, à plus de 77 %. Les programmes d’aide sont eux adossés à ces mêmes ressources qui servent au remboursement.
L’investissement de la puissance chinoise en Afrique a eu des résultats positifs pour l’ensemble du continent. De 2000 à 2016, la croissance moyenne de l’Afrique a été de 4,6 % par an et Pékin a permis de combler partiellement un fossé considérable en matière de développement des infrastructures. Selon un sondage publié en 2016, 63 % des Africains considèrent que le rôle de la Chine est positif, pour des raisons liées, à plus de 70 %, aux enjeux économiques1.
Néanmoins, la Chine est aussi confrontée à des phénomènes de rejet. L’importation massive de produits chinois de mauvaise qualité sur les marchés africains freine l’émergence d’une industrie locale, même si l’Afrique devient pour les entreprises chinoises un terrain de délocalisation de la production. Il existe en outre une migration chinoise souvent mal intégrée. Elle est estimée à un million de personnes et les Africains l’accusent d’occuper des emplois qui pourraient être remplis par eux.
Enfin, le modèle chinois en Afrique repose sur un soutien à des régimes fragiles et à des pratiques de corruption qui nuisent à l’image de la puissance chinoise.
Le risque encouru par l’Afrique est celui d’une dépendance trop exclusive à la Chine et au cours des matières premières et de l’énergie qui dépendent de la croissance chinoise. En 2015, les importations chinoises en provenance du continent africain ont chuté de plus de 43 % et les investissements chinois vers l’Afrique de 40 %. Le ralentissement de l’économie chinoise a eu des conséquences immédiates sur la croissance africaine passée sous la barre des 4 % depuis 2017.