Qu’est-ce que le « rêve chinois » ?

Qu’est-ce que le « rêve chinois » ?

Le « rêve chinois » est un rêve d’affirmation de puissance. En arrivant au pouvoir en 2012, le président Xi Jinping a fait du « rêve chinois de grande renaissance de la nation » son mot d’ordre. Il s’agit de renforcer sa légitimité et celle du Parti communiste et de venger le « siècle d’humiliations » subi par la puissance chinoise depuis les guerres de l’opium en prônant son retour comme puissance leader en Asie.

Cette idée géopolitique du rêve chinois de renaissance n’est pas nouvelle. Depuis la fin du XIXe siècle, les réformateurs chinois s’interrogent sur la meilleure manière de redonner à la Chine sa grandeur perdue.

Le « rêve chinois » de Xi Jinping fait aussi référence au concept plus ancien de tianxia1, le monde dans sa globalité sur lequel l’Empereur de Chine régnait par la persuasion et la vertu. Ce concept, présenté comme l’idéal d’une paix harmonieuse, opposé par Pékin au modèle occidental de conquête et de contrôle par la force, défend en réalité le principe d’une hiérarchisation forte entre la puissance chinoise et l’ensemble de ses partenaires régionaux. Cette conception explique, pour une large part, l’hostilité persistante entre la puissance chinoise et des concurrents potentiels comme l’Inde ou le Japon. Le concept de « rêve chinois » a été traduit dans une stratégie régionale d’influence beaucoup plus agressive qui suscite l’inquiétude de l’ensemble des voisins de Pékin.

Mais le rêve chinois de renaissance, tel qu’il est conçu à Pékin, est aussi un rêve irrédentiste, et la « réunification de la patrie » avec Taïwan en fait partie. Les contacts personnels et l’intégration économique entre les deux rives du détroit sont très importants, notamment depuis la signature d’un accord de coopération économique en 2010. Mais, contrairement aux espoirs de Pékin, et en dépit d’une stratégie visant à totalement isoler l’île diplomatiquement, Taïwan, indépendante de fait depuis 1949, et véritable démocratie depuis la fin des années 1980, est de moins en moins prête à accepter le principe d’une réunification avec le régime de Pékin.

En dépit de la prudence de Tsai Ying-Wen, à la tête de la République de Chine depuis 2016, l’arrivée au pouvoir d’une présidente « indépendantiste » a renforcé les tensions avec Pékin qui, de son côté, refuse de renoncer à l’éventualité d’un recours à la force pour imposer la réunification et multiplie les gesticulations militaires. Au cœur du « rêve chinois », la question de Taïwan constitue donc aussi un foyer de tensions pour la région.