Comment expliquer la fragilité de la République de Chine après 1911 ?

Comment expliquer la fragilité de la République de Chine après 1911 ?

En 1911, le système dynastique, usé et incapable de se réformer, s’effondre, alors que les soulèvements antimandchous, encouragés par les élites bureaucratiques et militaires et la bourgeoisie des grandes villes côtières, soutenue par les communautés chinoises d’outre-mer, se multiplient sur l’ensemble du territoire. Dans cette agitation devenue endémique, le 10 octobre, le soulèvement de Wuchang marque la date officielle de la première révolution de l’histoire de Chine.

Sun Yat-sen, à la tête du Tongmenhui, association de groupes d’opposition, dont l’objectif était de chasser les Mandchous, de proclamer la République et de procéder à une réforme agraire, est nommé premier président de la République de Chine le 29 décembre. L’abdication de Pu Yi, le dernier très jeune empereur, est effective le 12 février 1912. En 1913, les premières élections parlementaires démocratiques voient la victoire du Parti nationaliste Kuomintang nouvellement créé.

Mais si la République a pu rapidement être instaurée, la révolution ouvre une période de troubles qui affaiblissent un peu plus la Chine dans la première moitié du XXe siècle. Les divisions au sein des groupes révolutionnaires s’accentuent, certains souhaitant la restauration d’une dynastie « chinoise ». Sun Yat-sen, remplacé au mois de mars 1912 à la présidence de la République par Yuan Shikai, un haut fonctionnaire militaire de l’ancienne cour de la dynastie des Qing, regagne provisoirement le Japon, alors refuge des révolutionnaires nationalistes d’Asie.

Dès 1915, sans gouvernement central reconnu, la Chine se divise le long de lignes de fractures traditionnelles, claniques et provinciales, entre les seigneurs de la guerre à la tête d’armées privées. Installé au sud, à Canton, le Kuomintang1 est incapable d’imposer son pouvoir à l’ensemble du territoire. Tout en marquant la fin d’un système dynastique vieux de plus de deux mille ans, la révolution de 1911 ne permet pas d’enrayer le déclin dans lequel la Chine, « homme malade de l’Asie », s’est engagée depuis le XIXe siècle. Le Parti communiste chinois, porteur d’un nouveau modèle révolutionnaire plus radical, se construira sur cet échec.