D’où viennent les minorités nationales en Chine ?

D’où viennent les minorités nationales en Chine ?

C’est dans les zones frontières les plus récemment intégrées à l’espace chinois que se trouvent les régions de minorités nationales. Elles représentent moins de 10 % de la population chinoise mais occupent plus de la moitié du territoire. Le contrôle de ces espaces, de la Mandchourie au nord-est, au Tibet sur les contreforts de l’Himalaya, en passant par la Mongolie au nord, le Xinjiang à l’ouest et les franges méridionales dont l’inclusion dans le monde chinois a accompagné l’émergence, à la fin du XIXe siècle, du concept d’État-nation, est longtemps demeuré plus formel que réel. La première révolution chinoise de 1911 prônait « l’unité des cinq races » rassemblant les Hans, les Mandchous, les Mongols, les Tibétains et les musulmans. Mais, dans la première moitié du XXe siècle, le contrôle du territoire s’amoindrit, alors que la Chine sombre dans la guerre civile et que le pays, à nouveau divisé, passe sous la coupe des seigneurs de la guerre et subit de multiples agressions.

Aujourd’hui, les références à la dernière dynastie des Qing (1644-1911), dont l’espace territorial était le plus étendu dans l’histoire de la Chine, justifient la légitimité du contrôle que Pékin exerce, ou revendique, sur un territoire allant bien au-delà des limites traditionnelles de la Chine proprement dite. Si les Mandchous se sont fondus dans la population chinoise han, les trois autres grandes minorités ont conservé des spécificités et un territoire consolidé avec la création des « régions autonomes » par le pouvoir communiste chinois, inspirées du modèle soviétique. À l’ouest, la région du Xinjiang, « nouveau territoire » en chinois, constitue l’espace le plus vaste. Il est peuplé de minorités turcophones, les Ouïghours, dont la culture et la religion demeurent celles de l’Asie centrale.

Le Tibet a entretenu des relations parfois d’alliance, souvent conflictuelles, avec les dynasties qui se sont succédé dans l’espace chinois. Certaines, comme la dynastie mongole des Yuan, et la dynastie mandchoue des Qing, ont suivi les règles du bouddhisme lamaïste en vigueur au Tibet. L’espace que couvre de nos jours la région autonome du Tibet est moins étendu que celui de l’ère culturelle tibétaine, héritée d’un Empire qui, jusqu’au IXe siècle de notre ère, a dominé une zone s’étendant aux confins de la province du Sichuan actuel.

Enfin, la région autonome de Mongolie-Intérieure, héritière d’un vaste Empire qui, entre le XIIIe et le XIVe siècle a dominé la Chine, est constituée des franges méridionales de l’espace mongol qui n’ont pas rejoint la Mongolie-Extérieure, indépendante depuis 1911, à la chute de l’Empire mandchou.

Pour la République de Chine hier et la République populaire de Chine aujourd’hui, l’ensemble de ces territoires et de ces minorités est inclus dans une « nation chinoise », inscrite dans un territoire qui se veut multi-ethnique en dépit de l’écrasante supériorité démographique des Hans.

Dans une volonté d’assimilation, le pouvoir accentue la répression de toute expression culturelle ou religieuse et renforce depuis l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping une exploitation économique de type colonial, fondée sur le travail forcé, notamment au Xinjiang.