Quel a été le rôle de la Chine pendant la Seconde Guerre mondiale ?
Le 3 septembre 2015, Pékin a organisé un défilé militaire impressionnant pour « célébrer le soixante-dixième anniversaire de la victoire du peuple chinois sur le Japon et le fascisme mondial ». La Seconde Guerre mondiale est en effet au cœur de la geste du Parti communiste présenté comme la seule force de résistance et de libération du pays.
Sur le territoire chinois, la guerre a commencé officiellement en 1937 avec l’incident du pont Marco-Polo (Lukou qiao), qui oppose des éléments d’une importante garnison japonaise aux troupes chinoises, aux portes de Pékin, le 7 juillet 1937. Si les origines de l’incident demeurent obscures, les événements suivent le modèle que le Japon avait mis en œuvre en Mandchourie dès le début des années 1930. Un incident provoqué par une unité de l’armée du Kwangtung, chargée de protéger la voie de chemin de fer, dont le Japon avait obtenu la concession, avait servi alors de prétexte à l’invasion du Nord-Ouest chinois et abouti à la création d’un protectorat japonais, l’État fantoche du Mandchoukouo.
Dès lors, la Chine, affaiblie par une guerre civile opposant les groupes communistes aux autorités gouvernementales de Chiang Kai-shek, s’est trouvée confrontée à l’avancée rapide des forces japonaises qui, en quelques mois, s’emparent de Pékin, Shanghai, Nankin, puis Wuhan, Canton, Hong Kong et de toute la bande côtière, jusqu’à la frontière avec le Vietnam.
En dépit de cette avancée rapide, le Japon se trouve dans l’incapacité d’imposer une reddition aux autorités chinoises. Après avoir défendu Shanghai pendant des mois et abandonné la capitale Nanjing, le gouvernement de Chiang Kai-shek se réfugie à Chongqing, dans la lointaine province du Sichuan, pour échapper à l’anéantissement. Ce n’est qu’après Pearl Harbor que les forces républicaines reçoivent une aide plus importante des États-Unis. Les conseillers envoyés auprès de Chiang Kai-shek par Washington confortent toutefois l’image d’un régime corrompu et incapable de résister aux troupes japonaises. À l’inverse, les journalistes et les missions auprès des communistes retranchés dans leur bastion de Yan’an depuis 1935 reviennent convaincus de la supériorité morale et de la force de résistance des troupes de Mao Zedong.
Alors que la Chine nationaliste a été en première ligne dans l’histoire de la 2nd guerre mondiale pendant plus de huit ans, la guerre du Pacifique entre les États-Unis et le Japon, puis la guerre civile et la victoire communiste de 1949 ont durablement éclipsé son rôle dans l’affaiblissement des forces japonaises, mobilisées pour tenir un territoire qu’elles n’occuperont jamais dans sa totalité.