Quel rôle a joué la Chine pendant la guerre de Corée ?
À peine un an après avoir proclamé la RPC, alors que le pays est confronté à des tensions économiques dramatiques, Mao décide d’intervenir pour soutenir la Corée du Nord qui avait lancé une offensive pour tenter de s’emparer du sud de la péninsule. Comme les États-Unis semblaient focalisés sur les enjeux européens de la guerre froide, le dirigeant nord-coréen Kim Il-sung avait reçu au printemps 1950 l’aval de Staline pour une offensive rapide. Au mois d’octobre 1950, près de 200 000 « volontaires » chinois franchissent à leur tour la frontière pour repousser l’avancée des forces de l’ONU sous commandement américain envoyées en renfort aux côtés des forces sud-coréennes.
À la fin de la guerre, en 1953, le front se stabilise le long du 38e parallèle. La Chine réussit à récupérer le terrain perdu au nord par les forces nord-coréennes au prix de pertes considérables. Si une évaluation précise est difficile, on estime à plus de 250 000 morts les pertes des « volontaires » chinois, nom officiel des unités d’interventions, parmi lesquels le fils de Mao Zedong. Pourtant, la guerre « défensive » menée par les volontaires chinois en Corée est toujours considérée à Pékin comme une victoire éclatante contre un ennemi américain très supérieur, ce qui a renforcé le prestige du régime chinois.
L’intervention en Corée était motivée par plusieurs facteurs qui expliquent le soutien que la puissance chinoise continue d’apporter à la République démocratique populaire de Corée (Corée du Nord). En 1950, comme aujourd’hui et tout au long de son histoire, la Chine voulait préserver un « État tampon » et empêcher les forces américaines de s’approcher de ses frontières. Idéologiquement, en 1950 comme aujourd’hui, le régime chinois analysait les relations avec les États-Unis en termes de conflit irréductible, en dépit d’accommodements tactiques. Aussi, une victoire des États-Unis et du camp occidental dans la péninsule coréenne aurait considérablement affaibli un régime chinois mal consolidé.
À ces raisons s’ajoutait également, en 1950, la volonté de gagner la confiance de l’URSS de Staline. En 1949, contrairement à l’image d’un régime agrarien et nationaliste que le Parti communiste chinois avait cherché à imposer pendant la Seconde Guerre mondiale pour renforcer ses soutiens, la Chine était passée dans l’orbite du « camp soviétique », avec la signature d’un traité d’amitié sino-soviétique qui comportait des éléments d’alliance militaire et de coopération économique et technologique. Elle y restera jusqu’à la rupture de 1960, provoquée par une divergence idéologique majeure avec Nikita Khrouchtchev sur la question de Staline, auquel Mao reste fidèle, et le rejet du principe de détente par les dirigeants chinois.
La guerre de Corée a scellé une amitié de frères d’armes durable entre Pyongyang et la puissance chinoise, qui reste sensible dans l’armée chinoise et explique les réticences de Pékin à abandonner le « régime frère » de Pyongyang, malgré les tensions. Le traité d’amitié sino-coréen signé en 1961, qui comporte une clause d’assistance mutuelle en cas d’invasion, est toujours en vigueur.