Quelle a été la portée des « quatre modernisations » de la Chine ?
Le retour de Deng Xiaoping au pouvoir en 1979, le troisième dans une carrière politique mouvementée, inaugure une phase de réformes et d’ouverture économique avec la mise en œuvre du programme des « quatre modernisations ».
La modernisation de l’agriculture, de l’industrie, des sciences et technologies, et des forces armées, répondait à un sentiment d’urgence et s’inscrivait dans une continuité dans l’histoire de la Chine au XXe siècle. En 1920, déjà, à la veille de s’embarquer pour la France, Deng Xiaoping déclarait vouloir « étudier auprès de l’Occident pour sauver la Chine ».
Cet objectif a été celui de tous les réformateurs chinois depuis la fin du XIXe siècle. Dans les années 1960, après l’échec du Grand Bond en avant, Zhou Enlai, l’un des mentors de Deng Xiaoping, avait lancé le concepts des « quatre modernisations » destinées à sortir la Chine du marasme économique dans lequel elle est plongée, mais c’est Deng Xiaoping qui officialisera cette stratégie de développement à l’occasion du troisième plénum du 11e Comité central du Parti communiste au mois de décembre 1979.
Le fondement de ces réformes est le choix du pragmatisme au nom de l’efficacité, dans un renversement complet des principes dominants pendant la Révolution culturelle. Dès 1961, contre l’idéologie du Grand Bond en avant, Deng Xiaoping, en déclarant que « peu importe qu’un chat soit noir ou blanc, ce qui compte c’est qu’il attrape les souris », avait fait de ce slogan le symbole de ce pragmatisme.
La nouvelle stratégie de développement économique a été rapidement appliquée dans les campagnes avec le mouvement de « responsabilité des foyers agricoles », la fin des communes populaires et des quotas imposés. Résultat immédiat de cette libéralisation, la production agricole progressera de plus de 8 % environ par an de 1979 à 1984.
Des zones économiques spéciales (ZES) sont établies sous la responsabilité du père du président Xi Jinping, Xi Zhongxun. Les premières ZES se développent dès 1980 dans la province du Guangdong, autour de Shenzhen, à la frontière avec Hong Kong qui est alors le principal point de contact des échanges de la RPC avec l’extérieur.
Les ZES, étendues à quatorze villes côtières en 1984, bénéficient d’un régime fiscal particulier destiné à attirer les capitaux étrangers, qui sont et demeurent à plus de 80 % des capitaux chinois d’outre-mer. Elles sont au centre d’une stratégie de développement accéléré fondé sur la production à bas coût de biens de consommation destinés à l’exportation. Ce modèle de développement, qui fait de la Chine « l’atelier du monde », favorise le décollage économique de la puissance chinoise dès les années 1990. Cependant, la question de la transformation de ce modèle de croissance, qui est aussi à la source de déséquilibres importants, persiste.