Quelle est la portée des « 21 demandes » du Japon à la Chine en 1915 ?
Cette décomposition accélérée de l’espace chinois ouvre la voie à de nouvelles agressions de la part des puissances étrangères qui y voient l’opportunité d’affirmer leurs intérêts en jouant des divisions entre chefs de guerre locaux. Alors qu’à Pékin Yuan Shikai tente de rétablir l’Empire en instaurant sa propre dynastie, le Japon, à la faveur de la Première Guerre mondiale à laquelle il participe aux côtés de la France et de la Grande-Bretagne, s’empare des possessions allemandes de la province du Shandong après le siège de Qingdao au mois de novembre 1914.
Dès 1915, le Japon, qui a déjà obtenu d’importantes concessions, dont l’île de Taïwan, de l’Empire des Qing à la suite de la première guerre sino-japonaise de 1895, soumet à Yuan Shikai une liste de 21 nouvelles demandes. Tokyo exige la reconnaissance de ses acquisitions dans le Shandong et l’extension de son contrôle sur la Mandchourie. Affaibli, le pouvoir chinois à Pékin accepte une liste légèrement réduite de treize demandes, dont la reconnaissance des possessions japonaises dans le Shandong, par un traité signé au mois de mai 1915.
En 1917, la Chine entre à son tour en guerre contre l’Allemagne aux côtés des Alliés. De nombreux travailleurs chinois sont alors envoyés en France, à l’arrière du front, pour des travaux de soutien logistique. Pourtant, en 1919, le traité de Versailles entérine les demandes japonaises en attribuant à Tokyo les possessions allemandes du Shandong, allongeant ainsi la liste des humiliations auxquelles la Chine sera soumise au cours de son histoire.
Modèle réformiste pour un monde asiatique en quête d’une modernité non occidentale, le Japon deviendra de par ses exigences, inspirées de celles des autres grandes puissances impériales du moment, la première cible du sentiment patriotique en Chine.