Qu’en est-il des mouvements pour la démocratie en Chine après 1979 ?
Confronté aux échecs de la période maoïste, Deng Xiaoping a lancé des réformes économiques et une ouverture sur l’extérieur aux conséquences bénéfiques pour le développement de la puissance chinoise. Il s’agissait toutefois de consolider cette puissance sous la direction du Parti communiste et non d’évoluer progressivement vers plus de démocratie.
Deng Xiaoping impose son pouvoir en 1979 en mobilisant la jeunesse contre l’appareil du Parti. Fin 1978, à Pékin, un premier mouvement en faveur de la démocratie s’amplifie autour du « mur de la démocratie ». Chaque jour, des « journaux en grands caractères1 » sont affichés pour dénoncer les crimes de la Révolution culturelle. Le 5 décembre, un simple employé du zoo de Pékin, Wei Jingsheng, publie et signe un long essai intitulé La Cinquième Modernisation, la Démocratie. Immédiatement arrêté et condamné pour avoir remis en cause les fondements du régime, Wei Jinsheng passera plus de dix-huit ans en prison.
En 1989, c’est encore dans la capitale qu’un autre mouvement voit le jour. Lancé par les étudiants, il s’étend ensuite à d’autres couches de la société. Cette fois, l’occupation de la place Tiananmen, haut lieu symbolique du régime, se déroule sous l’œil des caméras du monde entier, pendant une visite historique en Chine de Mikhaïl Gorbatchev. Celui-ci était porteur d’un message d’ouverture politique qui ne pouvait qu’inquiéter les autorités chinoises, hostiles aux perspectives de réformes politiques en profondeur.
Comme en 1979, le régime a fait le choix de la répression, au nom de la stabilité, en dépit des oppositions qui se sont exprimés au sein de la direction chinoise. Le secrétaire général du Parti communiste de l’époque, Zhao Ziyang, favorable au dialogue, sera arrêté et assigné à résidence jusqu’à sa mort en 2005.
Le 4 juin 1989, après le départ de la délégation soviétique, des unités de l’APL (Armée populaire de libération) interviennent pour évacuer la place, faisant un nombre non déterminé mais important de victimes. Des milliers de manifestants sont arrêtés, certains fuient en utilisant des filières clandestines d’évacuation vers Hong Kong. Les espoirs d’évolution politique graduelle du régime chinois sont interrompus. La répression de la place Tiananmen inaugure une période de durcissement du contrôle idéologique, de montée du nationalisme et d’encouragement à l’enrichissement personnel, nouveaux fondements de la légitimité du Parti communiste.
Depuis l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping en 2013, la fermeture idéologique et la répression se sont encore accentuées, étouffant toute velléité de réforme politique.