La Chine est-elle une méritocratie efficace ?

La Chine est-elle une méritocratie efficace ?

L’argument de la supériorité du régime chinois fondé sur la méritocratie des élites est souvent avancé, même si en 2015 la Chine se situait au 50rang dans le monde en matière d’efficacité des pouvoirs publics et de gouvernance1. Depuis Deng Xiaoping, les dirigeants chinois au plus haut niveau, sélectionnés des années à l’avance, occupent des fonctions diverses au niveau provincial et au niveau central. Ils ont été préparés progressivement, notamment dans les écoles du Parti, à leur tâche de dirigeant suprême. Leur choix résulte toutefois autant d’un compromis entre factions que de leurs compétences.

Les critères de sélection depuis Deng Xiaoping, dernier représentant d’une génération détentrice d’une légitimité révolutionnaire, ont changé. Jiang Zemin (secrétaire général de 1989 à 2002) et Hu Jintao (secrétaire général de 2002 à 2012) étaient des apparatchiks qui avaient une formation d’ingénieurs, le premier avait étudié à Moscou dans les années 1950.

Quant à Xi Jinping, l’un des Princes rouges, il est l’héritier d’un « héros révolutionnaire », même si son père, Xi Zhongxun, haut dirigeant du régime après 1949, a subi les purges de Mao Zedong. Néanmoins, la formation intellectuelle de Xi Jinping a été limitée par la Révolution culturelle. Il fait partie de cette génération de jeunes qui n’ont eu qu’un accès tardif et limité aux études supérieures, et n’ont pas bénéficié de contacts avec l’étranger. La formation des dirigeants plus jeunes reflète les évolutions que la Chine a connues ces dernières années. Ils sont plus nombreux à avoir fait des études supérieures, parfois brillantes, en Chine et – pour certains – en Occident, notamment aux États-Unis qui demeurent la destination préférée des élites.

En dépit de ces évolutions, le système de promotion dans les rangs du Parti reste déterminé, en dépit des campagnes de lutte contre la corruption par les réseaux de relations, entre autres familiaux, et par l’achat plus ou moins direct – et illégal – de charges. Ces pratiques relativisent le caractère méritocratique du régime.

Par ailleurs, un taux de croissance dynamique et le maintien de la stabilité sociale, qui passe par un contrôle efficace des oppositions, restent les deux principaux critères de promotion des cadres locaux. Ceux qui s’efforcent de mettre en place une politique plus égalitaire et soucieuse d’un développement durable – conforme aux objectifs officiellement proclamés de la puissance chinoise – sont rarement récompensés par une progression de carrière.