La Mongolie-Intérieure est-elle plus chinoise que mongole ?

La Mongolie-Intérieure est-elle plus chinoise que mongole ?

La Mongolie-Intérieure, autre grande zone de minorité nationale, pose un défi politique moins pressant que le Tibet ou le Xinjiang même si des manifestations ont eu lieu en 2020, contre la volonté des autorités centrales de limiter l’usage du mongol dans l’enseignement. Néanmoins, l’existence d’un État mongol indépendant en Mongolie-Extérieure est problématique pour Pékin. La séparation de l’espace mongol en deux entités remonte à 1911 lorsque, à la faveur de l’effondrement de la dynastie Qing, la partie nord du territoire a proclamé son indépendance, passant sous influence soviétique en 1921. Côté chinois, les communistes qui occupaient le nord du pays à la fin de la Seconde Guerre mondiale avec le soutien de l’URSS ont établi une première province autonome de Mongolie-Intérieure dès 1947.

La situation a évolué avec la fin de la guerre froide. Au Nord, la Mongolie indépendante adopte une Constitution démocratique en 1992, mais l’économie du pays souffre de la disparition de l’URSS. En Mongolie-Intérieure, le dynamisme économique de la Chine des réformes a longtemps paru suffisamment attractif pour faire taire les velléités de réunification de la nation mongole. La pression chinoise, économique, démographique et culturelle, provoque cependant des tensions sensibles des deux côtés de la frontière. L’économie de la Mongolie-Extérieure dépend de la Chine à plus de 86 %. En Mongolie-Intérieure, depuis le milieu des années 2000, des tensions sporadiques éclatent entre des éleveurs et les autorités concernant la confiscation des terres de pâturage traditionnelles. Des arrestations d’éleveurs nomades par dizaines, accusés de vouloir « dénoncer le régime socialiste », ont eu lieu en 2016.

Dotée d’un sous-sol riche en ressources vitales pour le développement chinois, la Mongolie-Intérieure attire une immigration han, qui représente plus de 80 % de la population de la région autonome. Outre, comme au Tibet et au Xinjiang, les craintes liées à cette arrivée massive des Chinois hans, à la disparition des modes de vie traditionnels et au contrôle des terres, les tensions sont aussi dues à une augmentation de la pollution liée aux mines de charbon, à l’exploitation des terres rares et à la désertification.

L’inquiétude de Pékin provient aussi du riche passé d’une nation mongole qui, menée par Gengis Khan puis par ses fils, a régné sur la Chine de 1234 à 1368 sous le nom dynastique des Yuan. La question de la localisation du tombeau de Gengis Khan, du côté chinois ou du côté mongol de la frontière, constitue toujours un sujet de rivalité entre Pékin et Oulan-Bator. Au mois d’octobre 2020, la Chine a tenté de censurer une exposition sur Gengis Khan organisée par le musée d’histoire de Nantes.