Les réformes politiques en Chine sont-elles possibles ?

Les réformes politiques en Chine sont-elles possibles ?

La question des réformes politiques en Chine se pose depuis les années 1980. Après le coup d’arrêt donné aux espoirs de changements graduels par la répression qui a suivi les manifestations démocratiques du printemps 1989, la question de l’adaptation du système politique chinois à la situation radicalement nouvelle, résultant des réformes économiques et des bouleversements sociaux, n’a pas été résolue. Les tensions de plus en plus fortes entre les principes autoritaires du « centralisme démocratique » et une réalité de plus en plus complexe fragilisent le régime.

En dépit de ces contradictions, les autorités rejettent le principe d’une transition démocratique qui pourrait aboutir à un « changement de régime » et entraîner la fin du monopole du Parti communiste. À ce titre, pour la puissance chinoise, l’URSS de Mikhaïl Gorbatchev constitue un contre-exemple, objet de nombreuses études et analyses. En 2012, l’un des premiers discours de Xi Jinping, nouveau secrétaire général du Parti communiste, a été consacré à la « faiblesse » des dirigeants soviétiques de l’époque, incapables d’empêcher l’effondrement du régime. Depuis, la priorité de Xi Jinping a été la reprise en main idéologiquement et le contrôle social pour éviter tout « changement de régime ».

Le cadre d’analyse des dirigeants chinois repose sur le principe d’une contradiction irréductible entre deux systèmes politiques. Toute évolution allant dans le sens d’une plus grande démocratisation est perçue comme une faiblesse annonçant la défaite future. Dans ce contexte, après une période de relative ouverture politique, on constate depuis l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping un recul des modestes avancées précédentes et une volonté de reprise en main idéologique, condamnant tout espoir de réformes politiques.

En 2013, une directive du Parti communiste appelait au rejet sans concession de la démocratie à l’occidentale, des droits de l’homme, de l’indépendance des médias et des « critiques nihilistes » contre le Parti1. Il s’agissait pour le président Xi Jinping de démontrer que le régime établi par Mao Zedong en 1949 représentait toujours le sens incontestable de l’histoire.

Pourtant, l’absence de réformes politiques établissant un système de contrôle au-dessus du Parti communiste pèse sur la capacité du régime à résoudre les tensions qui minent sa légitimité. L’absence de système judiciaire indépendant, la volonté de maintenir le contrôle du Parti communiste sur l’information ne permettent pas de mettre un terme à la corruption massive des élites et l’une de ses conséquences les plus dramatiques a été la crise du Covid-19 qui a causé dans le monde en 2020 plus de 2 millions de morts. En outre, l’absence d’ouverture et de réformes politiques pèse également sur les capacités d’innovation, qui seules permettraient à la Chine d’accomplir un bond en avant sur l’échelle de qualité des capacités de production.