Quel est le rôle de l’appareil de propagande chinois ?

Quel est le rôle de l’appareil de propagande chinois ?

Au sein du Parti communiste, l’appareil de propagande formate le discours destiné à donner une image positive d’une puissance chinoise sûre d’elle-même. Le département de la propagande du Parti communiste, rebaptisé dans les traductions officielles chinoises « Département de la publicité », bien que le nom chinois n’ait pas changé1, joue un rôle majeur dans le système politique chinois. Au cœur du pouvoir, son directeur, nommé par le secrétaire général du Parti communiste, est membre du bureau politique. Comme le rappelait Xi Jinping en 2016 à l’occasion d’une visite aux trois principaux médias que sont l’agence de presse Xinhua, le Quotidien du peuple et la CCTV (China Central télévision) : « Les médias, gouvernés par le Parti, constituent la ligne de front de la propagande. »

Le département de propagande du Parti communiste supervise directement les médias, radio, télévision, presse écrite, production intellectuelle, réseaux sociaux, et diffuse des directives autorisant, orientant ou interdisant le traitement des sujets. Le flou des consignes, qui ne sont pas rendues publiques, favorise l’autocensure par crainte de mesures de rétorsion. Les journalistes et les « travailleurs de la culture » sont tenus d’assister à des séances de formation idéologique, et les départements de journalisme, dont celui de la prestigieuse université Fudan à Shanghai, fondé en 1929, sont placés sous son autorité.

L’appareil de propagande contrôle – avec un succès croissant – et oriente les discussions sur les réseaux sociaux et Internet en rémunérant une armée de censeurs, auteurs de centaines de millions de faux commentaires. Les contrôles ont été particulièrement sévères lors de la crise du Covid-19, interdisant toute contestation des décisions des dirigeants et toute information sur la situation réelle. Au mois de décembre 2020, la « citoyenne-journaliste » Zhang Zhan a été condamnée à quatre ans de prison pour ses reportages sur la ville de Wuhan confinée. Au mois de décembre 2019, le médecin lanceur d’alerte Li Wenliang, décédé depuis de la Covid-19 à 33 ans, avait été convoqué par la police. Toute information non autorisée a le statut de « secret d’État » et peut conduire à l’arrestation d’étrangers comme de citoyens chinois.

Depuis la fin des années 2000, la Chine consacre d’importants moyens financiers à son appareil médiatique et de propagande à l’étranger, placé sous l’autorité du bureau des affaires de propagande extérieure du Parti communiste et du bureau d’information du Conseil d’État. Les journaux officiels chinois sont aussi disponibles sur Internet en langue anglaise. Sur le continent africain, les stations de radio chinoises en français et en anglais ont été multipliées. Pékin a créé une chaîne de télévision de diffusion continue en langue anglaise et est actif sur Internet, dans le but de mobiliser les Chinois installés à l’étranger et de faire taire les critiques en utilisant des armées de « bots » sur les réseaux sociaux (Facebook, Twitter), pourtant interdits en Chine. Enfin, la diplomatie des « loups guerriers » active pendant la crise du Covid-19 en 2020 est la prolongation de ce travail de propagande.

Bien que l’arme de la propagande soit au cœur de la stratégie intérieure et extérieure de la Chine, avec la mobilisation de tactiques de « front uni », son efficacité est à relativiser, que ce soit auprès de la population chinoise ou des audiences étrangères. En 2020, l’image de la Chine s’est effondrée pour la majorité des pays développés avec plus de 70 % d’opinions négatives.