Qui dirige la Chine ?
Si l’on a pu parler d’un triangle du pouvoir en Chine entre le Parti, l’État et l’armée, l’autorité réelle est concentrée au sein du Parti communiste chinois. C’est au titre de secrétaire général du Parti communiste, président de la Commission militaire centrale (CMC) du Parti, que le président chinois détient sa véritable puissance.
Depuis la disparition de Mao Zedong et de son successeur réformiste Deng Xiaoping, le Parti communiste avait connu un processus d’institutionnalisation qui, même imparfait, imposait des garde-fous pour éviter un retour aux dérives de la Révolution culturelle et garantir un système de transition apaisé. Le président de la République ne pouvait effectuer plus de deux mandats de cinq ans consécutifs. En 2018, l’Assemblée nationale a aboli cette limite et Xi Jinping, qui a renforcé son pouvoir, peut en théorie rester président à vie. Des règles non officielles d’âge limite, fixé depuis 2007 à soixante-huit ans, ont été mises en place1. Surtout, au sein du Comité permanent du bureau politique du Comité central, un système de direction collective – toujours fragile – avait été instauré. Néanmoins, l’autorité suprême du Parti communiste et de ses instances dirigeantes n’est nullement remise en cause. Depuis 2017, Xi Jinping a également renforcé son pouvoir au sommet du Parti et sa « pensée pour une nouvelle ère du socialisme aux caractéristiques chinoises particulières » a été inscrite dans la constitution du Parti. Une forme de néo-culte de la personnalité de type maoïste s’est mise en place.
Le Congrès du Parti communiste chinois réunit à Pékin tous les cinq ans, généralement au mois d’octobre, plus de 2 200 délégués représentant les 89 millions de membres du Parti. Il élit, sur une liste de candidats quasi identique au nombre total de sièges, les 376 membres permanents et suppléants du Comité central, ainsi que ceux de la Commission centrale d’inspection de la discipline2. Le Comité central nomme le secrétariat général du Comité central, les membres de la Commission militaire centrale du Parti, les membres du bureau politique et le Comité permanent du bureau politique, l’instance la plus élevée du pouvoir en Chine. Dans la réalité, l’ensemble de ces nominations dépend d’un jeu de cooptations et de réseaux, et résulte de tractations entre différentes factions3. Depuis le 18e Congrès, qui s’est tenu en 2012, le nombre de membres du Comité permanent du bureau politique est passé de neuf à sept membres, avec à leur tête Xi Jinping, secrétaire général du Parti communiste. Ce dernier n’a pas fait émerger de successeur.
Si, en théorie, le Congrès du Parti communiste est le détenteur du pouvoir à l’intérieur du Parti communiste, en pratique, ce sont les décisions du Comité permanent du bureau politique et de plus en plus celles de son secrétaire général qui s’imposent aux instances du Parti comme à celles de l’État. Le fonctionnement de ce Comité permanent demeure opaque, et il est difficile d’évaluer le degré de collégialité de la prise de décision, même si l’on s’accorde à considérer que, depuis l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping en 2012, l’autorité s’est resserrée entre les mains du secrétaire général qui contrôle tous les organes et notamment la commission des lois et de la sécurité, soumise à une campagne d’éducation et de rectification de type maoïste en 2020.