Y a-t-il des élections en Chine ?
La Constitution chinoise prévoit l’élection des représentants des assemblées populaires. Dans les villes, les provinces, les municipalités ayant rang de province, et à l’APN, les élections sont indirectes. Les députés sont élus par les représentants du niveau immédiatement inférieur. En revanche, dans les districts et les cantons, un système d’élections directes a été mis en place. La liste des candidats, légèrement plus nombreux que le nombre de sièges à pourvoir, est établie ou contrôlée par les organisations locales du Parti communiste.
Les nominations font l’objet de tractations financières, courantes malgré la lutte contre la corruption. En 2016, des dizaines de députés du Liaoning accusés « d’achats de votes » ont été déchus et condamnés. Le statut de représentant dans les Assemblées populaires, notamment pour certains hommes d’affaires, permet en effet en retour de tirer parti de l’influence acquise.
En théorie, la Constitution autorise les candidatures indépendantes, proposées par un groupe d’électeurs. Les quelques candidats indépendants ayant des motivations diverses, allant des protestations contre des injustices personnelles aux plaidoiries en faveur des réformes politiques en Chine et du respect de la Constitution, sont contrôlés et harcelés par les autorités, qui visent à limiter ce type d’initiative. Ce phénomène s’est renforcé avec l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping.
Depuis les années 1980, les chefs de village peuvent être élus au suffrage universel direct. Les candidatures indépendantes sont autorisées en dépit du contrôle des comités villageois du Parti communiste et des autorités supérieures sur le choix des candidats. Ces élections « libres » ont été maintenues et l’éventualité de leur extension est régulièrement évoquée, comme par l’ancien Premier ministre Wen Jiabao, lors d’une conférence de presse donnée en 2012.
Avec l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping, ce sont les appels à rejeter toute évolution allant dans le sens d’une démocratisation à l’occidentale et la condamnation des systèmes libéraux, source « d’instabilité » qui l’emportent. Les difficultés rencontrées par les démocraties occidentales et l’élection aux États-Unis de Donald Trump ont été utilisées par Pékin pour souligner la supériorité du système chinois d’élections « contrôlées ». Le contrôle en apparence réussi de la crise du Covid-19 par la Chine sert également ce discours de propagande sur l’inefficacité des démocraties.