Quel avenir pour les relations sino-américaines ?
Pour Pékin, la relation bilatérale avec les États-Unis domine toutes les autres. Il faut toutefois relativiser l’interdépendance économique entre la Chine et les États-Unis : les USA sont en effet les seuls à pouvoir freiner l’affirmation des ambitions de Pékin dans sa propre région.
Hostile à la stratégie du pivot vers l’Asie de l’administration Obama, dénoncée comme une stratégie de containment de la puissance chinoise, Pékin voulait faire accepter à Washington un « nouveau type de relations entre grandes puissances », sorte de G2 dont le premier mérite serait de reconnaître à la Chine un statut de superpuissance quasi égale des États-Unis, reléguant ainsi l’ensemble des partenaires régionaux et extrarégionaux de Pékin, y compris les alliés traditionnels des États-Unis, au second plan. L’élection de Donald Trump, après une période de flottement, a débouché sur une période de fortes tensions avec l’adoption de sanctions commerciales, l’embargo sur les transferts de fournitures stratégiques, l’adoption d’une liste noire d’entreprises liées à l’APL et une vigilance accrue sur les programmes de recherche impliquant des chercheurs chinois.
La crise du Covid-19 a aggravé ces tensions, Donald Trump dénonçant avec force le « virus chinois ». Les États-Unis ont également pris des positions fortes contre la répression à Hong Kong et les atteintes majeures aux droits de l’homme au Xinjiang. Avec l’élection de Joe Biden, dont une partie de l’équipe était présente autour du président Obama, la Chine souhaiterait que le principe de coopération, le refus des conflits et la prise en compte des « intérêts vitaux » réciproques des deux partenaires, l’emportent à nouveau.
Pékin espère aussi que les États-Unis, très touchés par l’épidémie de Covid-19, se recentrent sur les enjeux de politique intérieure et sur des enjeux globaux plus consensuels comme le climat. Toutefois, c’est la continuité dans la politique chinoise des États-Unis qui devrait l’emporter. Il existe désormais un consensus bipartisan qui voit dans l’émergence de la puissance chinoise une menace dans tous les domaines, de l’économique au stratégique.
Dès l’intronisation du nouveau président, l’équipe Biden a réaffirmé son soutien au Japon sur la question des îles Senkaku et aux Philippines sur celle de la mer de Chine du Sud. La politique de rapprochement avec la démocratie taïwanaise, inaugurée par Donald Trump, ne devrait pas être remise en cause. Plus préoccupant pour Pékin, la volonté des États-Unis de renforcer ses alliances, avec l’ensemble de leurs partenaires asiatiques mais aussi avec l’Union européenne, pourrait rendre les stratégies de division et d’influence de la Chine moins efficaces.