Le mouvement du 4 mai 1919 marque-t-il la naissance du patriotisme chinois ?
Le 4 mai 1919, des milliers d’étudiants manifestent à Pékin. Ils s’opposent aux conclusions du traité de Versailles et, surtout, dénoncent l’incapacité du gouvernement chinois à défendre les intérêts de la Chine. Soutenus par les élites urbaines, économiques et intellectuelles, ils exigent l’abrogation des 21 demandes du Japon et le retour du Shandong à la Chine. Première manifestation anti-japonaise de masse, ils appellent au boycott des produits japonais qui se sont imposés sur le marché chinois.
Au-delà, le mouvement du 4 mai marque l’émergence d’une dynamique patriotique et culturelle, dont l’objectif est – déjà – d’accompagner la renaissance de la Chine dans son histoire. Autour du mouvement de la Nouvelle Culture1, les intellectuels exigent la transformation de la société et du modèle familial traditionnel et remettent en cause le système de valeurs confucianistes. Ils prônent l’usage de la langue parlée dans les textes écrits ainsi qu’une réforme de l’éducation. Enfin, ils défendent la mise en œuvre de principes démocratiques, trahis selon eux par les échecs de la révolution de 1911.
Première grande manifestation du patriotisme chinois, le mouvement du 4 mai incarne les mouvements de protestations de la jeunesse à la fois contre les agressions étrangères et contre les pouvoirs successifs qui se sont révélés incapables de « défendre la Chine ». À ce titre, il possède une double dimension inquiétante pour les autorités, bien que le 4 mai soit toujours célébré en RPC comme « jour de la jeunesse ». Lors des manifestations pour la démocratie à Pékin en 1989, les étudiants, comme leurs prédécesseurs de 1919, appelaient à l’avènement de « Madame Démocratie ».