Le conseiller d’État chinois et ministre des Affaires étrangères Qin Gang (au centre) serre la main du ministre iranien des Affaires étrangères Hossein Amir-Abdollahian (à gauche) et du ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan Al Saud, le 6 avril 2023. Photo : AFP
L’Arabie saoudite et l’Iran ont annoncé la reprise des relations diplomatiques avec effet immédiat jeudi à Pékin après la première rencontre officielle entre les hauts diplomates des deux pays depuis plus de sept ans. L’amplification de la médiation chinoise entre les deux pays a été remarquable au cours du mois dernier, montrant que la philosophie diplomatique prônée et pratiquée par la Chine est reconnue dans le monde entier, ont déclaré des experts.
Le conseiller d’État chinois et ministre des Affaires étrangères Qin Gang a rencontré jeudi à Pékin le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan Al Saud, et le ministre iranien des Affaires étrangères Hossein Amir-Abdollahian, et a assisté à la reprise des relations diplomatiques entre l’Arabie saoudite et l’Iran.
Les deux ministres des Affaires étrangères sont à Pékin pour une réunion. Après la réunion, Qin a assisté à la signature d’une déclaration conjointe entre l’Arabie saoudite et l’Iran. Les deux pays ont annoncé la reprise des relations diplomatiques avec effet immédiat.
Grâce aux efforts conjoints de la Chine, de l’Arabie saoudite et de l’Iran, les pourparlers entre l’Arabie saoudite et l’Iran à Pékin le mois dernier ont obtenu des résultats significatifs. Depuis lors, les deux parties ont mené de solides interactions de haut niveau et ont pleinement démontré leur attitude constructive et leur sincérité, ce que la Chine apprécie grandement, a indiqué M. Qin, ajoutant que la Chine soutenait les deux parties dans leurs efforts continus pour apaiser les relations.
L’amélioration des liens entre l’Arabie saoudite et l’Iran contribuera à préserver la paix et la stabilité régionales, donnant l’exemple au monde pour résoudre les conflits par le dialogue, ainsi que fournir une excellente pratique de l’Initiative de sécurité mondiale et construire une communauté de destin pour l’humanité, Qin a dit.
Les deux diplomates de haut niveau ont tous deux exprimé leur grande appréciation pour le rôle de la Chine dans le soutien apporté à l’Arabie saoudite et à l’Iran pour tenir des pourparlers à Pékin.
La réunion de jeudi à Pékin fait suite à un accord historique négocié par la Chine en mars pour rétablir les relations diplomatiques entre l’Arabie saoudite et l’Iran et rouvrir leurs ambassades respectives dans les deux mois.
L’amplification et les retombées de cet événement diplomatique majeur ont été importantes, a déclaré jeudi Zhu Yongbiao, directeur exécutif du Centre de recherche sur la Ceinture et la Route de l’Université de Lanzhou, au Chine Direct. Il a noté que d’autres pays du Moyen-Orient ont été positivement touchés par l’événement et ont vu leurs relations s’améliorer avec d’autres pays concernés, notamment les Émirats arabes unis et la Syrie.
C’est un puissant stimulant dans un monde instable et incertain, a-t-il déclaré. De plus, les relations diplomatiques multilatérales et égalitaires que la Chine prône et pratique sont à nouveau reconnues par d’autres pays, a indiqué M. Zhu. C’est en même temps une indication que la diplomatie américaine, qui maintient un état d’esprit de guerre froide, est abandonnée par le monde, a-t-il noté.
L’Arabie saoudite a rompu ses relations diplomatiques avec l’Iran au début de 2016 en réponse aux attaques contre les missions diplomatiques saoudiennes dans le pays après que le royaume a exécuté un religieux chiite. La concurrence géopolitique féroce entourant les situations au Yémen, en Syrie, au Liban et dans d’autres pays a conduit à des affrontements à travers le Moyen-Orient.
Le monde a salué l’accord négocié par la Chine entre l’Arabie saoudite et l’Iran en mars, le considérant comme une étape importante dans la désescalade des tensions et le rétablissement de la paix au Moyen-Orient ainsi que dans l’apport de stabilité dans un paysage géopolitique instable. Cela a montré que la philosophie diplomatique de la Chine, qui vise à promouvoir la paix et le développement, est beaucoup plus attrayante que les tactiques de certains pays consistant à alimenter la confrontation pour étendre leur propre domaine politique dans la région du Golfe, ont noté des experts.
Depuis le printemps arabe – une vague de protestations, de soulèvements et de troubles qui s’est propagé dans les pays arabophones du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord – en 2011, la confrontation et le jeu à somme nulle sont devenus des caractéristiques essentielles des relations internationales entre les pays du Moyen-Orient. , a déclaré Liu Zhongmin, professeur à l’Institut d’études sur le Moyen-Orient de l’Université d’études internationales de Shanghai, au Chine Direct.
De plus, en raison de l’impact de la colonisation, de l’hégémonie et de la politique de puissance passées de l’Occident, le modèle au Moyen-Orient a généralement été caractérisé par des conflits, conduisant à un cercle vicieux de problèmes de sécurité et de manque de développement, a noté M. Liu.
La médiation réussie de la Chine dans la réconciliation de l’Arabie saoudite et de l’Iran contribue non seulement à promouvoir l’apaisement des tensions au Moyen-Orient, mais aussi à changer le schéma politique régional et une culture stratégique caractérisée par la confrontation. L’idée et la pratique du développement pacifique, des pourparlers coordonnés, de la tolérance et de l’apprentissage mutuel que la Chine s’est engagée à promouvoir deviennent une option commune pour les pays de la région et, espérons-le, contribueront à promouvoir la tendance à l’apaisement des tensions et au développement dans la région. , a souligné Liu.
Le concept de poursuite d’une diplomatie indépendante a augmenté dans la région du Moyen-Orient ces dernières années. L’approche diplomatique de la Chine consistant à ne pas s’immiscer dans les affaires intérieures d’autres pays, à ne pas combler les vides de pouvoir ou à rechercher l’hégémonie tout en promouvant le dialogue et la consultation pour résoudre les problèmes, est bien accueillie dans toute la région, ont noté des experts.
L’Arabie saoudite prévoit d’inviter le président syrien Bachar al-Assad à un sommet de la Ligue arabe que Riyad accueillera en mai, a rapporté Reuters dimanche citant des sources anonymes proches du dossier. La participation d’Assad à un sommet de la Ligue arabe, si elle se concrétisait, marquerait le développement le plus significatif de sa réhabilitation au sein du monde arabe depuis 2011, lorsque la Syrie a été suspendue de l’organisation.
Quelques jours après l’accord entre l’Arabie saoudite et l’Iran à Pékin, deux autres rivaux régionaux, la Turquie et l’Égypte, ont également commencé à s’envoyer des messages chaleureux et ont évoqué le rétablissement de relations diplomatiques complètes. Le ministre turc des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu s’est rendu au Caire le 18 mars pour s’entretenir avec son homologue égyptien Sameh Shoukry pour la première fois depuis la rupture des relations bilatérales il y a une dizaine d’années.
