L’ASEAN émerge comme une destination privilégiée pour les entreprises cherchant à diversifier leur production hors de la Chine. Les investissements dans des pays comme le Vietnam et l’Indonésie se multiplient, attirés par des coûts réduits et une stabilité politique relative.
Introduction
La stratégie « Chine Plus Un » a gagné en popularité parmi les entreprises cherchant à réduire leur dépendance vis-à-vis de la Chine. Cette approche vise à établir des centres de production dans d’autres pays, principalement en Asie du Sud-Est, pour minimiser les risques liés aux tensions sino-américaines.
Des géants de l’électronique et d’autres secteurs se tournent vers des pays comme le Vietnam et l’Indonésie, attirés par des coûts moindres et une stabilité politique. Le Vietnam représente une alternative attrayante pour les entreprises cherchant à diversifier leurs sources d’approvisionnement au-delà de la Chine.
L’attrait de l’Asie du Sud-Est
L’Asie du Sud-Est bénéficie d’une proximité géographique avec la Chine continentale et de solides partenariats économiques avec les États-Unis. La région offre également une main-d’œuvre bon marché et une amélioration constante de ses infrastructures. Les investissements directs étrangers (IDE) et les données anecdotiques soulignent l’importance croissante de cette région comme destination « Chine Plus Un ».
Par exemple, la Malaisie voit la construction d’usines de test et de conditionnement de puces, l’Indonésie développe des chaînes d’approvisionnement pour les véhicules électriques, et le Vietnam continue d’étendre ses installations de production d’électronique grand public.
La Thaïlande, malgré une instabilité politique relative, reste une destination attractive grâce à ses infrastructures développées et ses politiques favorables aux entreprises. Singapour, en raison de sa stabilité politique et de son environnement économique favorable, attire également des investissements significatifs.
Le rôle des accords commerciaux
Les accords commerciaux régionaux jouent un rôle crucial dans l’attraction des investissements. Le Partenariat Économique Régional Global (PERG) et le Cadre Économique pour la Prospérité de l’Indopacifique (CEPIP) sont particulièrement influents. Le PERG, entré en vigueur en 2022, facilite les échanges et les investissements en réduisant les coûts et en harmonisant les règles d’origine pour les exportations. Il élimine également les tarifs sur la plupart des biens et libéralise le commerce des services et les règles d’investissement.
Le CEPIP, dirigé par les États-Unis, vise à renforcer les liens économiques tout en réduisant la dépendance à l’égard de la Chine continentale. Bien qu’il ne propose pas d’accès préférentiel au marché américain via des tarifs plus bas, il cherche à réduire les barrières non tarifaires et à faciliter un plus grand investissement américain grâce à l’harmonisation réglementaire.
Ces accords offrent aux pays de l’ASEAN un cadre pour attirer les entreprises cherchant à diversifier leurs chaînes d’approvisionnement. Le CEPIP, par exemple, a récemment conclu des négociations substantielles sur l’accord de la chaîne d’approvisionnement, améliorant ainsi les perspectives pour ses membres de faire partie d’une chaîne d’approvisionnement approuvée par les États-Unis dans des industries critiques comme les semi-conducteurs et les véhicules électriques.
Risques et opportunités à connaître
Chaque pays de l’ASEAN présente des profils de risque variés pour les investisseurs. En Thaïlande, l’incertitude politique persiste, notamment après les élections générales récentes. L’échec du parti progressiste Move Forward à former un gouvernement réduit la probabilité d’une refonte du cadre économique et politique du pays. Cependant, quel que soit le gouvernement formé, il est peu probable qu’il adopte des politiques nuisibles à l’investissement étranger.
En Indonésie, la continuité des politiques est probable, notamment en ce qui concerne la libéralisation du marché du travail et la simplification des permis commerciaux, indépendamment du résultat électoral.
Singapour, réputée pour sa stabilité politique, doit organiser des élections générales d’ici novembre 2025. La principale question politique est la succession du Premier ministre Lee Hsien Loong par Lawrence Wong, ce qui ne devrait pas perturber la continuité des politiques favorables aux affaires.
Le Vietnam, quant à lui, se prépare pour son Congrès national en 2026, où un nouveau dirigeant sera élu. Le pays maintiendra probablement son modèle de croissance économique orienté vers l’exportation, tout en adaptant ses politiques d’investissement pour répondre à des exigences environnementales et de gouvernance plus strictes sur les marchés occidentaux. La campagne anticorruption en cours pourrait influencer les délais d’approbation des projets d’infrastructure.
En Malaisie, les prochaines élections générales sont prévues d’ici février 2028. Le gouvernement actuel, dirigé par le Premier ministre Anwar Ibrahim, bénéficie d’une majorité parlementaire des deux tiers.
Aux Philippines, le président Ferdinand Marcos Jr. assure la stabilité gouvernementale avec son mandat unique de six ans, élu en 2022. Contrairement à d’autres pays de l’ASEAN, Marcos renforce les liens de défense avec les États-Unis, le Japon et l’Australie, tout en poursuivant une politique économique favorable aux investisseurs étrangers.
L’ASEAN se positionne comme une alternative viable à la Chine pour les entreprises mondiales, grâce à ses coûts compétitifs, sa stabilité relative et ses accords commerciaux favorables. Les pays de l’ASEAN, malgré leurs défis individuels, offrent un environnement attrayant pour les investissements et la diversification des chaînes d’approvisionnement, assurant ainsi une croissance continue et durable dans la région.