Terre du Taoïsme et du Confucianisme : Panorama des croyances en Chine

Dans les ruelles pavées d’un village du Yunnan, au sud-ouest de la Chine, une effigie de Guanyin, la déesse de la Miséricorde, trône fièrement dans un petit sanctuaire. Les offrandes abondent, témoignant d’une ferveur quasi palpable. S’interroger sur la religion dominante en Chine équivaut à se plonger dans un paysage spirituel labyrinthique, où s’entremêlent croyances ancestrales, pratiques syncrétiques et cultes officiellement reconnus par le gouvernement. Tout est une question de nuances en Chine, et cela vaut aussi pour la religion.

Pour une compréhension élargie de la « religion »

Avant d’explorer la complexité du paysage religieux chinois, définissons ce que nous entendons par « religion ». Le concept occidental de religion, bien ancré, renvoie généralement à une organisation structurée avec un ensemble de doctrines et de rites distincts. Mais en Chine, la notion de religion – ou « zongjiao » en mandarin – est floue et pourrait être plus justement traduite par « enseignements ».

L’accent est mis sur les valeurs morales et éthiques, les pratiques rituelles et les connaissances transmises à travers les générations plutôt que sur l’adhésion à un système de croyances fixe. Cela signifie que de nombreux Chinois peuvent participer simultanément à des rituels issus de différentes croyances sans considérer cela comme contradictoire.

L’éternel trio : bouddhisme, taoïsme, confucianisme

Il est impossible de parler de religion en Chine sans mentionner les « trois enseignements » qui ont façonné l’histoire et la culture du pays : le bouddhisme, le taoïsme et le confucianisme.

Le bouddhisme, originaire d’Inde, est arrivé en Chine lors de la dynastie Han (206 avant JC – 220 après JC). Aujourd’hui encore, il est vivement pratiqué par une part significative de la population, en particulier dans les régions de l’est et du sud-est de la Chine.

Le taoïsme et le confucianisme, nés sur le sol chinois, ont eu une influence durable sur les valeurs, les coutumes et les modes de vie chinois. Si le Confucianisme, axé sur l’éthique sociale et les devoirs familiaux, a moins une dimension religieuse, il n’en reste pas moins un pilier de la morale chinoise.

L’omniprésence du folklore religieux

Parallèlement à ces trois enseignements se trouve une riche tradition de croyances populaires et de folklore religieux, caractérisée par le culte des ancêtres et des divinités locales. Ce type de croyances, largement répandu et profondément enraciné, reste une composante cruciale de l’identité religieuse de nombreux Chinois, même parmi ceux qui se déclarent non religieux.

L’ère contemporaine : une athéisme officiel mais des pratiques diverses

Depuis l’avènement de la République populaire de Chine en 1949 et la mise en place d’un régime communiste, la liberté religieuse est devenue une question complexe. Officiellement, la Chine est un pays athée, mais cinq religions sont reconnues par l’Etat: le bouddhisme, le taoïsme, l’islam, le catholicisme et le protestantisme.

En réalité, l’athéisme avoué n’empêche pas une partie conséquente de la population de pratiquer assidûment une activité religieuse ou spirituelle. Cependant, chiffrer précisément la proportion de croyants en Chine reste un défi en raison des différentes définitions de la « croyance » et du fait que certaines pratiques sont interdites ou fortement réglementées.

Connaître la véritable religion dominante en Chine nécessite donc de prendre en compte tous ces éléments, sans oublier que l’aspect multifacettes de ce pays immense s’applique aussi à sa spiritualité. Non, la Chine n’est pas simplement un pays athée. C’est une terre de confucianisme, de bouddhisme, de taoïsme, d’islam et de christianisme, imprégnée de traditions locales et de croyances qui défient toute classification facile. En somme, c’est une mosaïque de convictions à l’image de sa riche et complexe histoire.